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Théâtre : Borderline

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Borderline, au théâtre de Passy. Photo Fabienne Rappeneau . Borderline, au théâtre de Passy. Photo Fabienne Rappeneau .

« Borderline », de Flavia Coste. Mise en scène par Daniel Russo. Avec Daniel Russo (le psychiatre) et Philippe Lelièvre (le fou). Au théâtre de Passy1 . Jusqu'à une date indéterminée. 90'.

  • 1Théâtre de Passy, 95 rue de Passy, Paris-16e. M° La Muette. Du mercredi au samedi à 19h et les dimanches à 15h. 30 et 42 €. Rés.: 01 82 28 56 40.

Au cours de ce qui devait être une dernière et ultime consultation, un fou — qui soutient mordicus avoir retrouvé toute sa lucidité et ses facultés — tente fermement de faire admettre à son psychiatre qu’il est complètement guéri et ce dernier, connaissant néanmoins son patient comme s'il l'avait fait lui-même, n'en croit absolument rien et cela va donner droit à des allers-retours quasi jubilatoires jusqu'à même se demander qui est le fou et qui le psychiatre et comment en sont-ils arrivés là.

L'auteure, Flavia Coste, qui sous-titre son texte « Qui n’a pas rêvé un jour de quitter son psy ? » et qui pense que nous sommes légion à avoir voulu, comme elle, un jour clamer victorieusement : « Docteur, je vais mieux ! », a sans doute dû passer par de longs chemins sinueux et fort étroits pour se sortir des griffes de son psychiatre ou psychanalyste et lentement pouvoir se reconstruire. Son calvaire terminé, elle nous livre un quasi chef-d'œuvre avec cette « descente aux enfers organisée et orchestrée par un patient qui se révolte contre son thérapeute » aux relents autobiographiques. Elle dit s'être « évertuée à mener ce face à face à son paroxysme, pour questionner en creux l’acceptation du besoin de l’autre » car il s'agit d'un thérapeute qui a « un besoin vital de soigner pour exister » et un patient qui a « compris cela et qui en joue ».

Daniel Russo, qui signe la mise en scène et qui s'est réservé le rôle du psychiatre, se questionne sur ce thérapeute qui devait aller fêter ce soir-là ses 20 ans de mariage et qui a quand même accepté de voir son vieux patient aux mille ennuis car son travail passe en priorité et la médecine implique le don de soi. Une immense grandeur d'âme en somme que l'on ne retrouve que chez les fous, que ce soit au sens propre ou au figuré.

Mais entre un fou qui demande un rendez-vous à son psychiatre pour vouloir lui annoncer qu'il est guéri et le psychiatre qui accepte le rendez-vous alors qu'il devait aller fêter son vingtième anniversaire de mariage, on hésite. On hésite jusqu'au bout. Quelques-uns, comme le dit l'auteure, se reconnaîtront sans doute, peut-être.