Annuaires : Warning du barreau de Paris et du CNB concernant LegalUp

LegalUp. Capture d'écran.
LegalUp. Capture d'écran.

La Commission de réglementation de l’exercice du droit (Cred) du barreau de Paris a adressé un « warning » aux quelque 28 000 avocats parisiens pour les alerter contre les agissements du site de mise en relation LegalUp.

Se disant très attentifs à la lutte « contre le référencement sauvage des [avocats] sur les sites internet de tiers et l'utilisation de leurs données personnelles », le bâtonnier de Paris Frédéric Sicard et la Cred, auxquels se joint le Conseil national des barreaux (CNB), disent avoir constaté que les sites legalup.io et jechoismonavocat.fr référencent, avec de nombreuses erreurs, la quasi-totalité des avocats « pour la plupart sans leur consentement en leur attribuant, en outre, une notation dont les critères ne sont pas précisés ».

Aux avocats qui ont « délibérément » sollicité leur référencement sur ce site « peu recommandable », leur attention est attirée sur « le caractère surtaxé du numéro de téléphone qui est mentionné d'office par le site sur [leur] profil », pratique condamnée par la CNILDélibération n° 2014-041 du 29 janvier 2014 ; TGI Paris, 17e ch. corr., 16 juin 2016, n° 14015000805. . À ceux qui n’ont rien demandé et qui y sont référencés, ils peuvent exiger leur déréférencement en leur écrivant à contact@legalup.io, avec une copie à garantie@avocatparis.org et/ou à exercicedudroit@cnb.avocat.fr et, le cas échéant, par lettre recommandée avec accusée de réception à la société éditrice du site : Gaj Legal Consulting Ltd., domiciliée en France au siège social de la société Ilaria Ltd., 25 rue du Turin, 75008 Paris.

Interrogés par LexTimes.fr, des avocats parisiens nous ont confirmé être référencés sur ce site sans que leur consentement ait été sollicité et l’un d’eux nous précise avoir reçu une réponse standard à sa demande de déréférencement : « Nous avons bien reçu votre message./ Un membre de notre équipe reviendra vers vous sous 48h./ Si vous souhaitez compléter ou modifier votre requête, il vous suffit de répondre à cet e-mail. »

Quant à la notation attribuée, LexTimes.fr a effectivement pu se rendre compte qu’elle est tout-à-fait fantaisiste et qu’elle est même différente pour un même avocat sur la page d’accueil et sur son profil. Me Thomas Carbonnier est ainsi affublé d’un 7,3/10 en page d’accueil et d’un 1/10 sur son profil.

Poursuivant nos investigations, nous avons cliqué sur « A quoi correspond la note LegalUP ? » et avons ainsi appris que « En se basant sur une étude qualitative auprès des clients de professionnels du droit réalisée en 2015, LegalUp a répertorié une dizaine de critères de choix d'un avocat qui relèvent de la liberté d'expression des clients […] LegalUp a développé une formule mathématique attribuant une note de 1 à 10 à chaque critère et produisant une note permettant de rassurer les clients des professionnels du droit. La note est mise à jour tous les jours en fonction des informations que l'on possède. En l'absence d'informations exploitables informatiquement, la note de 1/10 est attribuée. Le professionnel du droit est alors invité à prendre le contrôle de son profil afin de se présenter. Cette note ne juge pas les compétences en droit du professionnel mais la qualité des informations que LegalUp trouve et reçoit de ses visiteurs et clients. Les informations utilisées par l'algorithme mathématique de LegalUp proviennent de données publiques (les CNIL "locales" membres du G29, Insee, Europa.eu, bar associations, court records, etc.), de données privées (avis publiques ou anonymes laissées par les utilisateurs, le temps pris pour répondre à une question sur LegalUp, etc.), des informations que fournit le professionnel du droit une fois qu'il a pris le contrôle de son profil LegalUp ainsi que des informations présentes sur le site (s'il existe) du professionnel du droit. Afin d'éviter qu'il soit possible d'exploiter artificiellement l'algorithme pour augmenter une note, LegalUp ne communique pas les détails du calcul. »

De son côté, le CNB indique par ailleurs avoir initié une action devant le tribunal de grande instance de Paris à l'encontre de cette société qui a « utilisé et détourné le slogan de [sa] campagne publicitaire "jamais sans mon avocat" pour faire la promotion de sa plateforme ».

L'instance représentative des quelque 66 000 avocats de France rappelle que la diffusion massive sur le site jechoisismonavocat.fr des noms et coordonnées d'avocats sans recueillir leur consentement préalable est contraire aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.