Athlétisme : Le secret d'instruction mis à mal selon les avocats de Diack

Lamine Diack, 10 mai 2012, Photo Vinod Divakaran.

Les trois avocats de l'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme, mis en examen en novembre dernier pour « corruption passive et blanchiment aggravé », disent ne pouvoir accepter que le parquet « s'affranchisse des règles au respect desquelles [il] a justement pour mission de veiller » à la suite d'une conférence de presse qui s'est tenue à Munich et à laquelle a participé le procureur national financier.

Madame Éliane Houlette a participé à une conférence de presse qui avait pour objet « de stigmatiser le comportement critiquable qu'auraient eu diverses personnalités du monde de l'athlétisme », dénoncent les trois ténors, les bâtonniers Daouda Diop et Christian Charrière-Bournazel et Me Alexandre Varaut, qui estiment que, « tout en prétendant respecter la présomption d'innocence », la vice-procureure aurait « livré au public, sans aucune nécessité, des éléments tirés du dossier de l'instruction, mettant en cause nommément les personnes mises en examen et en détaillant, de manière parfois incomplète, des élements du dossier couverts par le secret de l'instruction ».

Si l'article 11 du code de procédure pénale permet au parquet de s'affranchir du secret de l'instruction, pointe les conseils de M. Diack, il ne peut « en aucun cas,[sauf pour éviter la propagation d'informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l'ordre public, ndlr], s'adresser à l'opinion publique internationale, relayée par internet, pour conforter l'idée de la culpabilité des personnes mises en cause, malgré les précautions oratoires prises ».

Les trois avocats reprochent à Mme Houlette à la fois d'avoir « parlé » et de« ne pas avoir assez parlé », en s'abstenant de dévoiler que les juges d'instruction ont, lors de l'interrogatoire de leur client le 21 décembre 2015, accepté « de ramener le montant de la caution, initialement fixée, à une somme très inférieure [qui est] compatible avec ses moyens propres ».

Un oubli ou une erreur volontaire à présent réparée par ce communiqué diffusé hier soir mais les trois avocats n'en démordent pas, « le fait de passer sous silence cette indication essentielle [a pu] laisser penser que M. Lamine Diack détiendrait une fortune personnelle, éventuellement en relation avec des faits de corruption » et l'intervention publique de Mme Houlette jugée « imprudente »pourra donner lieu à « toute suite judiciaire utile ».

M. Lamine Diack, 81 ans, président de l'association internationale des fédérations d'athlétisme (1999-2015) a été mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé en novembre dernier par le pôle financier du tribunal de paris et le mois dernier, une nouvelle examen lui a été signifiée pour corruption dans une affaire de dopages d'athlètes russes étouffés moyennant finances.