Avocats : Christiane Féral-Schuhl à la tête du CNB

L’ancien bâtonnier de Paris Christiane Féral-Schuhl a été élue haut la main ce matin présidente du Conseil national des barreaux (CNB) avec 66 des 71 suffrages exprimés (93 %), 5 voix se sont portées sur son seul et unique challenger, Jean-Louis Bessis, englué dans des procédures et 10 (12,35 %) ont entendu signifier, entre « la peste et le choléra », leur désapprobation en votant « blanc ». Elle succédera à Pascal Eydoux à compter du 1er janvier 2018.
Le barreau de Paris représentant plus de 40 % des avocats de France, l’institution nationale représentative de la profession est alternativement présidée par un avocat de Paris et un avocat de province. Après le mandat de Pascal Eydoux (2015-2017) du barreau de Grenoble qui s’achève ce 31 décembre 2017, la tradition fut respectée et il n’y avait donc aucun candidat de province en lice.
S’affrontaient pour cette élection-nomination, l’ancien bâtonnier Féral-Schuhl, élue piteusement le 21 novembre dernier par ses pairs avec seulement 23 voix sur 43, et l’ultra-minoritaire Jean-Louis Bessis dont plus grand monde ne veut entendre parler ni voir en peinture depuis qu’il poursuit judiciairement le bâtonnier Frédéric Sicard et le conseil de l’ordre pour un poste de « médiateur » qui lui aurait été promis et qu’il n’a finalement pas obtenu malgré les « voix » qu’il aurait apporté au tandem Sicard-Attias pour son élection au mois de juin 2015.
Première femme élue à la tête des quelque 66 000 avocats français, Christiane Féral-Schuhl, 60 ans, a prêté serment en 1981 à Paris et, plus récemment, au Québec (2016), elle a notamment été membre du conseil de l’ordre (1994-1996 et 2014-2016), bâtonnier (2012-2013) et a aussi occupé et a été gratifiée de divers autres fonctions et mandats ordinaux et honorifiques.
Dans son discours de candidature, Me Féral-Schuhl a promis de peser sur « les prochaines réformes de la justice » qui ne pourront se faire « sans l'accord des avocats » et notamment sur la carte judiciaire ou sur la numérisation de la justice. Dénonçant la multiplication de « vraies zones de non droit » où les droits de l'homme sont bafoués, elle a semblé vouloir placé la défense des libertés publiques « en tête de ses priorités », assurant qu’elle entend mener « la charge » dès le premier jour de sa prise de fonction contre « ces zones de non-droit telles que la jungle de Calais, les camps de migrants, les prisons et même les tribunaux dont le fonctionnement ne permet plus le déroulement d'une justice digne et sereine et où naissent les plus grandes injustices ».
Ma méthode consiste à écouter, débattre, décider, expliquer et agir
Christiane Féral-Schuhl, 16 déc. 2017.
« Je m'engage à tout mettre en œuvre pour que, dans cette Assemblée, toutes les opinions soient respectées, toutes les expressions soient libres », a déclaré à l’issue de son élection Christiane Féral-Schuhl devant les membres du Conseil national des barreaux, et leur promettant de n’avoir « qu’un seul objectif : l'unité dans l'action ». Sa méthode consisterait, a-t-elle expliqué, à « écouter, débattre, décider, expliquer et agir. Tous ensemble mais d'une seule voix pour être audible des pouvoirs publics et reconnus des justiciables. Nous sommes 80, nous représentons 65 480 confrères et nous avons la responsabilité de défendre la profession d'avocat, qui est en état d'urgence vitale ».
La méthode de travail de la bâtonnière Féral-Schuhl n’a pourtant pas laissé que de bons souvenirs au sein du conseil de l’ordre parisien. La Cour de cassation
Outre Christiane Féral-Schuhl, le bureau du CNB pour la mandature 2018-2020 comprendra Catherine Jonathan-Duplaa (Aix-en-Provence, vice-président), Jean-Luc Forget (Toulouse, vice-président), Christian Leroy (Lyon, trésorier), Élodie Mulon (Paris, secrétaire) et, sans affectation, Régine Barthélémy (Montpellier), Matthieu Dulucq (Nancy), Catherine Gazzeri (Tours) et Christophe Thevenet (Paris).