Barreau de Paris : Marie-Aimée Peyron élue bâtonnier

Marie-Aimée Peyron soutenue par l’UJA (Union des jeunes avocats) a été élue hier bâtonnier de Paris par moins d’un avocat sur cinq (5 203 voix sur 29 264) pour succéder à l’actuel bâtonnier Frédéric Sicard à compter du 1er janvier 2018. Olivier Cousi, en tête de quelques dizaines de voix au premier tour et soutenu par le premier cabinet français, Gide Loyrette Nouel, en termes d’effectifs avec 91 associés et 224 collaborateurs, ne recueille que 4 751 voix dont les 315 voix de son propre cabinet.
Avec seulement 10 569 votants, la démobilisation a été encore nettement plus importante qu’au premier tour parmi les 29 264 avocats parisiens qui boudent cette élection par une faible participation de 36,12 % (contre 38,35 %), soit plus de 2 points de moins, mais le vote protestataire, avec 615 votes blancs (contre 120), augmente, en revanche, de près de 5 points à 5,82 % (contre 1,07 %). Des 9 954 suffrages exprimés, Marie-Aimée Peyron en obtient 5 203 (52,27 %), soit 17,78 % du corps électoral. Un score qui ne lui donne q'une légitimité toute relative.
Inscrite au barreau de Paris depuis décembre 1989, Marie-Aimée Peyron, 56 ans, trilingue anglais-russe, a débuté sa carrière en tant que collaboratrice chez Thomas & Associés (1989-1996) et Nataf & Fajgenbaum (1996-1997) avant de rejoindre, en 1998, Haussmann Associés où elle exerce encore à présent en tant qu’associée en charge du département « Contentieux – arbitrage ». Haussmann, une petite structure de 16 associés et 22 collaborateurs, est en fait l’antenne parisienne du cabinet américain Squire Patton Boggs qui, lui, figure parmi le top 30 mondial avec environ 1 500 avocats répartis au sein de 46 bureaux dans 21 pays. Squire Patton Boggs est surtout connu pour être le troisième plus grand cabinet de lobbyistes des États-Unis, derrière Akin Gump et Brownstein Hyatt.
Présidente de l’UJA (1995-1996), Mme Peyron a aussi occupé la vice-présidence de la Fédération nationale des UJA (1996-1999) et sur un plan ordinal, elle a été membre du conseil de l’ordre (2002-2004) et, à plusieurs reprises, du Conseil national des barreaux (1997-1999, 2006-2011 et 2015-2017).
Sans aucune volonté de rompre avec les méthodes critiquées, parmi les promesses de campagne figurent la création « d’un "lab EFB" afin de former les élèves avocats et aider les avocats au développement de leurs plateformes et de la communication de leurs cabinets », l’instauration « d’un service "SOS droits de la défense" qui assistera tous les confrères en cas de difficultés liées à l’exercice des droits de la défense », le dépôt de plaintes en cas « de violation caractérisée du secret professionnel », l’instauration « d’un référé d’heure à heure déontologique », la conservation de « la bibliothèque [dans l’actuel palais de justice à l’Île de la Cité, ndlr] qui fait partie de notre patrimoine » ou l’engagement que l’avocat « retrouve un rayonnement social et salutaire ».
« C’est une immense fierté pour moi d’être élue et d’être au service de tous les avocats. Nous parlerons d’une seule voix pour répondre aux enjeux qui nous attendent », a réagi Mme Peyron à l’annonce des résultats selon un communiqué diffusé par l’ordre. « Le défi est immense mais nous ne vous décevrons pas », a renchéri son colistier, Basile Ader, qui portera le titre de vice-bâtonnier.
Inscrit au barreau de Paris depuis janvier 1988, M. Ader a débuté sa carrière en tant que collaborateur chez Henri Leclerc (1988-1991) avant de rejoindre, en 1991, le cabinet dont la dénomination actuelle est Ader Jolibois. Ancien secrétaire de la conférence (1993), il a été membre du conseil de l’ordre (2010-2012) et sévit, dépuis 1986, chez Légipresse en tant que directeur de la rédaction.
Quant au renouvellement du tiers des membres du conseil de l’ordre, la participation a été tout aussi décevante avec 10 279 votants (35,13 %) et 339 votes blancs (3,30 %). Ont été élus les binômes Nathalie Attias/Matthieu Boissavy avec 3 878 voix, Antoine Chatain/Camille Potier (3 372), Herveline Rideau de Longcamp/Maxime Eppler (3 183), Catherine Leclercq/Benoît Deniau (3 081), Stéphane de Navacelle/Hannelore Schmidt (2 919), Fabien Ndoumou/Marie-Claude Edjang (2 875) et Françoise Hecquet/Frédéric Forgues (2 736).