Barreau de Paris : Une plateforme pour le recrutement de "candidats futurs avocats missionnés"

Après l’émoi suscité par le rapport du cabinet Mazars révélé, au mois de septembre dernier, par l’hebdomadaire le Point quant aux quelque 30 millions d’euros d’honoraires versés, en toute opacité, par le bâtonnier de Paris à des confrères au cours des huit dernières années, l’actuel bâtonnier de Paris Marie-Aimée Peyron avait promis l’an dernier un peu de transparence sur l’art et la manière dont seraient dorénavant recrutés les avocats à qui seraient confiées des missions rémunérées par l’Ordre. C’est chose faite ou presque.
Dans un mail adressé à tous ses confrères vendredi dernier, le bâtonnier de Paris Peyron annonce la mise en place d’une plateforme pour le « recrutement des candidats futurs avocats missionnés » qui mettrait ainsi un terme aux copinage et magouilles séculaires et promettant qu’à présent des « offres seront publiées régulièrement » et tout avocat du barreau de Paris pourra y déposer sa candidature.
Anonymisées, les candidatures seront étudiées, est-il expliqué, par une commission de six personnes composée d’un représentant du bâtonnier, d’un représentant de la commission "réforme et modernisation de l’Ordre", du responsable du service concerné par l’offre de mission, d’un représentant de la commission des finances, d’un membre du conseil de l’ordre et — c’est ce qui constitue la nouveauté de la nouveauté — d’un « avocat du barreau de Paris à jour de ses cotisations qui sera tiré au sort » pour « associer plus directement les membres [du] barreau au fonctionnement [de l’]Ordre ». La commission dressera ensuite une short list de cinq candidats qui seront auditionnés afin « d’auditer leurs capacités à remplir les fonctions recherchées et leur expérience ». Le nom du candidat retenu sera publié sur la plateforme.
Le premier appel à candidatures concerne quatre postes à mi-temps d’ « assistant en déontologie » dont la mission consistera à examiner des dossiers de justiciables ou de confrères, en faire une synthèse, identifier la ou les problématiques déontologiques avant de rédiger un projet d’avis, outre la participation à des réunions déontologiques et la rédaction de comptes-rendus. Outre de bonnes connaissances de la déontologie applicable à la profession, le candidat devrait avoir de bonnes qualités de synthèse et rédactionnelles mais aussi « rigueur et réactivité » et de bonnes capacités de travail en équipe pour 1 815 euros HT par mois, soit à peine 23,88 € HT/heure sur une de 76 heures/mois, bien loin des sommes astronomiques versées aux petits copains des petits copains et dénoncées dans l’article du Point de septembre dernier. Et outre que les candidats devront être à jour de leurs « obligations ordinales », comprenez à jour de leurs cotisations diverses et variées, il pourra leur être demandé de passer un test comprenant « l’étude d’un dossier et la rédaction d’un projet d’avis déontologique ». La période d’essai est de trois mois.
Pas sûr que pour un poste d’assistant pour rédiger des projets d’avis et payé à un taux inférieur à celui d’une femme de ménage, il faille soumettre les candidats — qui sont quand même des avocats ayant un certain nombre d’années d’expérience — à une sélection aussi « rigoureuse », un test et une période d’essai de trois mois. Mais bon, s’il faut en passer par là pour mettre fin au copinage, pourquoi pas ?