Bourse : BPCE veut racheter sa filiale Natixis pour un cinquième du prix demandé en 2006

Introduite en 2006 à 19,55 €, BPCE retire Natixis de la cote à 4 €
Introduite en 2006 à 19,55 €, BPCE retire Natixis de la cote à 4 €

Suspendue hier « dans l’attente d’un communiqué », la maison-mère de Natixis, BPCE, a annoncé son intention de déposer un projet d’offre publique visant « les circa 29,3 % du capital de Natixis qu’elle ne détient pas au prix de 4 euros, dividende [de 0,06 euro] attaché » pour « se doter d’une manœuvrabilité stratégique nouvelle et d’un cadre de fonctionnement simplifié ».

Une prime de 16 % par rapport au cours de clôture du vendredi 5 février 2021 de 3,45 euros, vante le communiqué diffusé hier soir qui précise, dans une note en bas de page, que  le cours de clôture du 8 février 2021 de 3,70 euros n’a pas été pris en compte « en raison de mouvements importants sur le titre » et que la prime est même de 40 % si on compare le prix offert de 4 euros aux 2,86 euros que valait l’action le 11 janvier 2021 lorsqu’est paru « un article et des rapports de recherche mentionnant un possible "coporate event" sur Natixis ».

Le communiqué est accompagné d’une « Lettre aux actionnaires », datée également du 9 février 2021, dans laquelle, avec un aplomb hors du commun, le directeur général de Natixis Nicolas Namias ajoute la sidération à l’escroquerie en affirmant que « depuis dix ans », Natixis aurait « mis en œuvre avec succès un modèle de création de valeur pour l’ensemble de ses parties prenantes : ses clients, ses collaborateurs et ses investisseurs » (sic !). Au cours des dix dernières années, le titre a pourtant oscillé tant bien que mal entre 1,47 et 7,78 euros et le cours actuel de 3,97 euros est en retrait de 7,90 % par rapport à celui du 10 février 2020 et de 42,92 % par rapport à celui d’il y a trois ans. Un parcours qui n’a rien d’enviable et qui ne dénote aucun succès.

Et si l’on remonte encore un peu plus loin dans le temps, le tableau est encore bien plus sombre. On se souviendra en effet qu’en décembre 2006, c’est au prix de 19,55 euros que ce qui était présenté alors comme la pépite financière des réseaux Banque populaire et Caisse d’épargne (BPCE) a été introduite en bourse.

Une perte en capital de 79,54 % pour le petit client fidèle pendant près de quinze ans du groupe BPCE auquel les directeurs d’agence ont vendu ce produit qui, dès 2009, a plongé vers un euro et en a ruiné plus d’un. « Pas vendu, pas perdu », a-t-on coutume de dire en bourse. Avec cette OPA simplifiée et un retrait obligatoire à la clé, même les plus téméraires vont faire mentir le dicton. Le salut, pour une offre à un prix plus décent, ne peut venir que des associations de petits porteurs voire de l’Autorité des marchés financiers (AMF) si elle daigne y mettre sérieusement son nez et jouer le rôle de protecteur de l'épargne.