Bourse : Orpéa dans la tourmente

Orpéa dans le collimateur des lanceurs d'alerte.
Orpéa dans le collimateur des lanceurs d'alerte.

Hier, à 12 heures 45, quelques minutes après la publication par le quotidien le Monde des « bonnes feuilles » d’une enquête « sur le business du grand âge » la mettant explicitement et lourdement en cause, la société Orpéa signait la plus forte baisse du SBF120 et le titre était suspendu dans l’attente d’un communiqué qui n’est arrivé qu’après clôture de la bourse.

Édité avec le concours de Gérard Davet et Fabrice Lhomme — bien connus des amateurs d’enquêtes — chez Fayard, les Fossoyeurs, sous la plume d’un jeune journaliste « citoyen » Victor Castanet qui assure « n'avoir aucune difficulté avec le fait que de grands groupes privés gagnent de l'argent dans un secteur comme celui de la prise en charge de la dépendance », à paraître demain, mercredi 26 janvier, a en effet bénéficié d’une mise en orbite exceptionnelle en étant gratifié d’une double page dans le quotidien du soir.

Disant s’appuyer sur plus de 250 témoignages dont notamment celui de l’ancienne ministre de la santé et actuelle ministre de la culture Roselyne Bachelot, l’auteur y révèle la « face cachée » de la résidence des Bords de Seine, à Neuilly-sur-Seine, où la nuitée y est facturée entre 215 euros pour l’entrée de gamme d’une vingtaine de mètres carrés à 415 euros pour la grande suite avec salle de bains et dressing mais où tout laisse à désirer, que ce soit au niveau du personnel que des couches limitées à trois maximum par jour ou des biscottes du matin limitées à deux et des madeleines de l’après-midi limitées à une seule.

On est également consternés par la fin tragique et les mauvais soins infligés et endurés par l’écrivaine Françoise Dorin pendant plusieurs semaines, malgré la proximité de son petit-fils Thomas et de son compagnon Jean Piat, et qui y est décédée le 12 janvier 2018. On reste sans voix devant les nombreux passe-droits qu’auraient obtenus le fondateur et actuel président d’honneur du groupe, le docteur Jean-Claude Marian, via l’ancien ministre de la santé et ensuite du travail Xavier Bertrand pour développer son groupe.

Orpéa conteste « formellement l’ensemble de ces accusations » qu’elle considère comme « mensongères, outrageantes et préjudiciables ». De telles attaques, souligne la société dans un communiqué diffusé après la clôture de la bourse, ne sont « malheureusement pas nouvelles » mais sont « extrêmement violentes dans un contexte où [ses] équipes sont encore plus mobilisées depuis deux ans par la crise sanitaire ». Elle assure ne pas avoir reçu le livre avant parution et a « d’ores et déjà saisi ses avocats pour y donner toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire, afin de rétablir la vérité des faits et défendre son honneur ainsi que celui de ses collaborateurs qui remplissent quotidiennement une mission admirable, avec conscience professionnelle et engagement ».

Suspendu à 12 heures 45, le titre affichait une baisse de 16,11 % à 69,28 €, dans un volume de 471 243 pièces, 0,73 % du capital. Le titre avait déjà enregistré une baisse de 4 % la veille, dans des volumes légèrement plus élevés qu’à l’accoutumée, ce qui laisse sans doute supposer que l’information avait fuite et que les vendeurs à découvert étaient déjà à la manœuvre.