Bourse : Robeco reste positif sur les actions

Le gérant d’actifs néerlandais Robeco a publié hier son rapport annuel « Expected Returns 2019-2023 », censé donner un aperçu des performances prévisionnelles auxquelles les investisseurs peuvent s’attendre au cours des cinq prochaines années, et estime que le cycle économique mondial « bénéficie d’une phase de maturité particulièrement longue » mais cette « expansion va ralentir » car les banques centrales réduisent l’assouplissement quantitatif et poursuivent leur resserrement monétaire, les valorisations étant élevées dans les principales classes d’actifs, la transition vers la phase suivante risque fort d’entraîner « un décrochage des marchés ». Une récession lui semble « inévitable ».
Il n’y a toutefois aucune raison de « paniquer », selon le fin stratège qui fêtera ses 90 ans l’an prochain. L’économie mondiale, selon ce rapport, est « toujours en bonne forme et la croissance reste solide. Les États-Unis ont encore le vent en poupe et le durcissement monétaire de la Réserve fédérale n’a pas entravé cette dynamique. Parallèlement, la Chine a réussi à modérer une croissance alimentée par la dette devenue insoutenable, et à la ramener à des niveaux plus raisonnables. La zone euro continue de croître et, de leur côté, les marchés émergents devraient surperformer les pays développés ». Un peu de baume au cœur après la douche froide.
Les actions sont la classe d’actifs que Robeco privilégie avec une performance escomptée au cours des cinq prochaines années de 4,5 % pour les valeurs des pays émergents et de 4 % pour celles des pays développés investies en euros. Le rendement des obligations allemandes, en revanche, continuera d’afficher un rendement négatif de 1,25 % l’an, contre -0,25 % pour les obligations souveraines des autres pays développés. Les obligations émergentes, en devise locale, devraient afficher un rendement annuel de 3,75 %, contre 1 % pour les obligations d’entreprises Investment Grade et 1,5 % pour les crédits High Yield. L’immobilier coté est attendu à 3,25 %, les matières premières 4 % et les liquidités à 0,50 %
Le géant néerlandais qui dit détenir, avec sa maison-mère Orix, 293 milliards d’euros sous gestion à fin juin 2018, fait sienne la maxime de Minsky selon laquelle « la stabilité engendre l’instabilité » et croit donc « probable » une récession aux États-Unis au cours des cinq prochaines années et même dès « après les élections présidentielles de novembre 2020 » car jusqu’à cette date, les autorités américaines devraient « laisser la croissance dépasser son potentiel en adoptant un positionnement procyclique, qui finira par devenir insoutenable en raison de l’intensification des tensions inflationnistes et du creusement de la dette publique » mais sur le front commercial, les tensions devraient toutefois être « maîtrisées car une escalade s’avérerait contre-productive ».
« Il est clair, selon le responsable du département Investment Solutions de Robeco Bart Oldenkamp, que le contexte d’investissement pourrait changer de façon radicale dans les cinq prochaines années et que les conditions sont d’ores et déjà relativement difficiles : spreads comprimés, survalorisation généralisée des principales classes d’actifs et faiblesse de la volatilité. Pour les investisseurs à long terme, il est donc logique de commencer à anticiper ces évolutions. Opter pour un portefeuille plus défensif est souvent la solution par défaut, mais dans le contexte économique actuel, le faire trop souvent et trop tôt est risqué. Les investisseurs ne doivent jamais oublier que la patience est notre meilleur atout, car nous sommes convaincus qu’il est toujours possible d’engranger des primes de risque dans les principales classes d’actifs ».
Outre les perspectives à cinq ans, le rapport aborde cinq sujets liés à la valorisation (Et s’il était temps de se montrer défensif ?), à la dette (Tous les chemins mènent à Rome, mais rares sont ceux qui mènent à la durabilité de la dette italienne), aux actifs surévalués (Le pétrole devra passer par pertes et profits à un moment ou un autre. Mais pas tout de suite !), à l’allocation d’actifs (Bond. Corporate Bond) et aux actions américaines (Les actions américaines, source potentielle d’une diversification salutaire).