Clandestins : Deux avocats accusés de complicité avec un réseau relaxés

Palais de justice de Bobigny.
Palais de justice de Bobigny.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé mercredi deux avocats, spécialistes de la défense des étrangers, accusés d'avoir été complices d'un réseau d'immigration clandestine avec les Philippines entre 2011 et 2013.

Ces deux avocats du barreau de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avaient comparu pendant quatre jours au mois de mai pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée », aux côtés de sept ressortissants philippins, passeurs et intermédiaires. Six d'entre eux ont été condamnés mercredi à des peines allant d'un an d'emprisonnement ferme, sans mandat de dépôt, à 18 mois avec sursis et le dernier a également été relaxé.

À l'énoncé du délibéré, de nombreux avocats qui étaient venus soutenir leurs confrères ont fait part de leur soulagement. « Cette relaxe, elle veut dire que les avocats n'ont pas à rendre des comptes et qu'ils ont fait uniquement leur travail », a déclaré Me Elias Stansal, conseil de l'un des deux avocats, saluant une « décision de principe, remarquable ».

Les deux avocats, parmi lesquels Me André Mikano, une figure de la défense des étrangers, s'étaient fait, comme d'autres à Bobigny, une spécialité de faire invalider les procédures visant les clandestins, incomplètes ou irrégulières, rédigées par la police. Entre 2011 et 2013, ils avaient ainsi réussi à faire libérer successivement plus de 200 Philippins, placés en zone d'attente à l'aéroport de Roissy après avoir essuyé un refus d'entrer en France.

Lors de l'audience, le procureur avait estimé qu'ils avaient « franchi une frontière », celle « de la probité », et agi pour le compte du réseau en « toute connaissance de cause ». Il avait requis à leur encontre une peine de trois ans de prison avec sursis ainsi qu'une interdiction d'exercer de trois ans.

Me Mikano a été condamné au mois de décembre à un an de prison ferme dans une affaire similaire, impliquant cette fois des ressortissants marocains. Il a fait appel de la décision. Selon l'une de ses avocates, Me Marie-Cécile Nathan, ces deux affaires « sont similaires » et « se basent sur les mêmes fondements ».« La décision d'aujourd'hui est juste car elle protège l'avocat dans ses missions », a-t-elle estimé.

Le contentieux des étrangers est très important dans ce tribunal de la banlieue nord de Paris, dont dépend l'une des portes d'entrée de l'immigration clandestine en France, l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.