Composition administrative : Talence règle 100 K€ pour des manipulations de cours de 2014

Talence Gestion

La société de gestion Talence a accepté de régler 100 000 euros au Trésor public dans le cadre d’une composition administrative avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) concernant des transactions sur quatre valeurs effectuées par l’un de ses gérants, le 31 décembre 2014, pour le compte de deux de ses fonds, pouvant être constitutives de « manipulations de cours » et qui, de surcroît, n’avaient pas être déclarées comme « opérations suspectes » en raison d’une « insuffisance de son organisation et de ses procédures ».

L’enquête, ouverte le 27 juillet 2015 et qui portait initialement sur onze valeurs, s’est réduite à l’activité par l’un des gérants de Talence, Régis Lefort, sur quatre valeurs : Sqli (FR0011289040), Cafom (FR0010151589), Pierre&Vacances (FR0000073041) et Prodware (FR0010313486), qui, à titre personnel, était également poursuivi et a accepté de régler 20 000 euros dans le cadre d’une composition administrative distincte. Trois sociétés du groupe BNP Paribas et la société de bourse Gilbert Dupont ont aussi accepter de composer et de payer un montant global de 490 000 euros dans le cadre de quatre autres compositions administratives distinctes.

Des éléments recueillis et analysés par les enquêteurs de l’AMF, il résulte, selon la composition administrative conclue le 30 novembre 2017 et publiée vendredi dernier, que les ordres passés le 31 décembre 2014 pour le compte de deux des fonds gérés par Talence, portant sur les valeurs précitées ont conduit « à fixer, en raison de leurs caractéristiques », le cours de ces titres « à un niveau anormal ou artificiel lors du fixing de clôture ».

Il a notamment été mis en lumière que M. Lefort a expressément demandé qu’une partie importante de l’exécution de ces ordres soit réservée pour le fixing de clôture, les ordres ont représenté la quasi-totalité des titres achetés sur ces valeurs lors du fixing de clôture (entre 90,5 % et 100 %) et une part prépondérante des volumes échangés en séance (entre 39 % et 97 %), ces ordres ont généré une hausse du cours anormale comprise entre 2,90 % et 6,34 % contre +0,64 % et +0,72 % respectivement pour le CAC 40 et le CAC Mid&Small et, enfin et surtout, l’intervention sur ces quatre valeurs a permis « d’améliorer la valorisation de trois des fonds de Talence de 0,08 %, 0,33 % et 0,38 %.

L’AMF estimait par ailleurs que ces transactions auraient dû lui être déclarées car il existait des « raisons de suspecter que celles-ci étaient, au regard de leurs caractéristiques, constitutives d’une manipulation de cours » mais, déplore le gendarme de la bourse, le dispositif de détection des abus de marché au sein de Talence est apparu « lacunaire » et « inefficace » en ce qu’il reposait sur « la seule vigilance des collaborateurs qui, à l’époque, n’avaient reçu aucune formation sur les problématiques liées aux abus de marché » et il n’existait « aucun contrôle de second niveau sur les opérations réalisées par les gérants de la société de gestion ».

Créée au mois d’avril 2010, la société Talence Gestion a, selon les chiffres disponibles sur infogreffe, généré un résultat net de 694 526 € pour un chiffre d’affaires de 7,22 M€ réalisé avec un effectif de 25 personnes lors de l’exercice clos à fin décembre 2014, contre 370 848 € et 3,93 M€ respectivement l’année précédente et 308 722 € et 6,72 M€ l’année suivante. L’exercice clos à fin décembre 2016 est stable à 368 687 € et 6,81 M€ respectivement. C’est bien l’année 2014 qui reste donc « exceptionnelle ».