Concentrations : Enquête approfondie sur le rachat d'Alstom par Siemens

Siemens Alstom

Disant craindre que la concentration ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation, la Commission européenne a annoncé, quelques minutes avant la fermeture des marchés, avoir ouvert une enquête approfondie concernant le projet de rachat d'Alstom par Siemens.

« Les trains et les équipements de signalisation qui les guident sont essentiels au transport en Europe. La Commission examinera si le projet de rachat d'Alstom par Siemens priverait les opérateurs ferroviaires européens d'un choix de fournisseurs et de produits innovants et conduirait à une hausse des prix qui pourrait en fin de compte porter préjudice aux millions d'Européens qui utilisent quotidiennement le transport ferroviaire pour se rendre au travail ou pour les loisirs », a déclaré la commissaire chargée de la politique de concurrence Margrethe Vestager.

Ensemble, Siemens et Alstom dominent en effet le secteur du transport ferroviaire et possèdent des produits qui se font concurrence en matière de fabrication et de fourniture de matériel roulant pour des lignes à grande vitesse, des lignes principales et des lignes urbaines, ainsi que des solutions de signalisation pour des lignes principales et des lignes urbaines.

L'opération envisagée réunirait, selon la Commission, les deux plus grands fournisseurs de matériel roulant et de solutions de signalisation au sein de l'Espace économique européen (EEE) non seulement en termes d'activités combinées, mais également sur le plan de l'empreinte géographique de leurs activités. La Commission dit dès lors craindre que l'opération envisagée « ne réduise la concurrence sur les marchés sur lesquels l'entité issue de la concentration serait présente » et, plus particulièrement, que cette opération ne conduise à « une hausse des prix, à une diminution du choix et à un recul de l'innovation du fait d'un affaiblissement de la pression concurrentielle dans les procédures de passation de marché concernant le matériel roulant et les solutions de signalisation ».

L'enquête initiale de la Commission aurait révélé que, pour le matériel roulant, l'opération envisagée éliminerait un concurrent très puissant et réduirait le nombre de fournisseurs. Pour ce qui est des trains à grande vitesse, la Commission a examiné les effets de l'opération dans l'Espace économique européen (EEE) et à l'échelle mondiale et sur ces deux marchés, l'entité issue de la concentration serait « le leader incontesté du marché » avec une part de marché plus de trois fois plus élevée que celle de son concurrent le plus proche et deviendrait également le leader du marché pour le matériel roulant destiné aux lignes principales et aux lignes de métro dans l'EEE.

De même, pour les solutions de signalisation, l'opération envisagée éliminerait un concurrent très puissant sur plusieurs marchés des solutions de signalisation pour les lignes principales et les lignes urbaines et après l'opération envisagée, l'entité issue de la concentration deviendrait, aussi, « le leader incontesté du marché » avec une part de marché trois fois plus élevée que celle de son concurrent le plus proche.

Il semble peu probable, estime la Commission, que de nouveaux concurrents, en particulier d'éventuels fournisseurs chinois, fassent « leur entrée dans un avenir prévisible sur les marchés du matériel roulant et des solutions de signalisation dans l'EEE » et c’est ce qui explique l’ouverture d’une enquête approfondie sur les effets de l'opération afin de déterminer si ses craintes sont « fondées ».

La Commission dispose de 90 jours ouvrables, soit jusqu'au 21 novembre 2018, pour adopter une décision. L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge pas de l'issue de la procédure et le tandem Alstom-Siemens devra sans doute faire quelques concessions pour que le projet aboutisse.

L’allemand Siemens exerce des activités à l'échelle mondiale dans plusieurs secteurs industriels. Sa branche « mobilité » propose un vaste éventail de solutions concernant le matériel roulant, l'automatisation et la signalisation ferroviaires, les systèmes d'électrification ferroviaire, la technologie liée au trafic routier, les solutions informatiques et divers produits et services ayant trait au transport de voyageurs et de marchandises par le rail et la route.

Quant à Alstom, délesté de ses activités énergétiques cédées à General Electric en 2015, est un acteur mondial dans l'industrie du transport ferroviaire avec un vaste éventail de solutions de transport (des trains à grande vitesse aux métros, trams et bus électriques), des services personnalisés (entretien et modernisation), ainsi que des produits destinés aux voyageurs et aux infrastructures, des solutions de signalisation, des systèmes d'électrification ferroviaire et de la mobilité numérique.

À la clôture de la bourse parisienne, Alstom perd 0,58 % à 39,31 € dans un marché en hausse de 0,43 % et Siemens, à la bourse de Francfort, s’adjuge 0,27 % à 116,76 € dans un marché en hausse de 0,38 %.