Congrès UNAPL : Macron retire l'avocat d'entreprise de son projet de croissance et d'activité

Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a défendu vendredi le bien-fondé de son projet de loi sur l'activité face au principal syndicat de professions libérales, qui réclame toujours son retrait.
« Si, à chaque fois, le critère était l'applaudimètre, dans le pays qui est le nôtre, on ne ferait plus rien », a déclaré le ministre au congrès de l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) à Paris, tout en affirmant que le contenu du texte, qui sera présenté mercredi en conseil des ministres, n'était pas figé. « Je veux que dans les prochains jours, nous fassions encore bouger le texte », a-t-il assuré, annonçant notamment que la question du statut d'avocat d'entreprise ne figurerait finalement pas dans le projet gouvernemental. « Je préfère que ce point soit laissé au débat parlementaire », a dit le ministre, confessant son« incertitude » quant au degré de déstabilisation qu'un tel statut pourrait provoquer pour la profession d'avocat.
Auparavant, Michel Chassang, président de l'UNAPL, avait demandé « le retrait de cette loi », qualifiée tour à tour de « mal ficelée », de « fourre-tout », d'« inappropriée ». Y voyant une volonté du gouvernement de donner des gages à la Commission européenne en matière de réformes « prétendues
structurelles », il a martelé : « Nous ne voulons pas faire les frais de tout cela ».
Reconnaissant à M. Macron plus de « courtoisie » et d'« écoute » que son prédécesseur Arnaud Montebourg, il a toutefois estimé que « sur le fond, rien n'a changé ». Ce « ne sera pas une loi de croissance, mais [...] une loi de déclin et [...] de destruction d'emplois », a-t-il prédit. Malgré les consignes à ses troupes de réserver un accueil « courtois et républicain » à M. Macron, quelques manifestations de grogne ont parcouru la salle pendant le discours du ministre. Des cris de « mensonge ! », « c'est faux ! » sont lancés, lorsqu'il évoque la forte proportion de « fils et filles de » chez les notaires associés ou la baisse du nombre d'offices notariaux.
Réfutant le terme de « fourre-tout », le ministre de l'économie a reconnu que son projet de loi « pour la croissance et l'activité » touchait à « beaucoup de secteurs » mais il en a défendu « la cohérence d'ensemble ». Il a une nouvelle fois démenti faire ces réformes sous la dictée de Bruxelles et a assuré qu'elles ne toucheraient pas aux « fondamentaux » des professions réglementées (régulation par des ordres professionnels, monopole sur les actes authentiques, etc.).
Les professions libérales représentent un million d'entreprises, « soit plus d'un quart des entreprises françaises », a souligné M. Chassang. Concernant le compte pénibilité, autre grief des organisations professionnelles, « il est hors de question qu'on l'applique », a affirmé le président de l'Union professionnelle artisanale (UPA), Jean-Pierre Crouzet, présent lors d'une table ronde au congrès. Il s'agit pour lui d'une question de cohérence, alors que les syndicats patronaux affirment depuis des mois que le texte est inapplicable. Mesure phare de la réforme des retraites, le compte pénibilité rentrera partiellement en application le 1er janvier.