Corruption : Quatre responsables de GDF Suez à Madrid mis en examen

Le juge chargé de l'enquête sur une affaire de marchés publics truqués dans la région de Madrid a mis en examen au moins 32 personnes, dont quatre responsables en Espagne de la multinationale Cofely GDF Suez, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Parmi les personnes poursuivies dans ce dossier portant sur des contrats dont la valeur totale tourne autour de 250 millions d'euros figure Didier Maurice, directeur général de Cofely GDF Suez en Espagne, son responsable des marchés publics Pedro Garcia, son directeur commercial et un quatrième responsable.
Le premier est décrit comme ayant eu connaissance des délits commis « pour obtenir des marchés millionnaires » par le biais de « trafic d'influence » et d'un système de fausse facturation. Il a été mis en examen pour ce chef, mais aussi pour des délits de fraude, ou encore de fabrication de faux documents, selon un acte d'accusation consulté par l'AFP. Il a été laissé libre mais devra verser une caution de 100 000 euros, comme son directeur commercial, et un troisième responsable.
Le responsable des marchés publics Pedro Garcia est lui présenté comme le« principal interlocuteur » du réseau de trafic d'influence et de paiement de pots de vin mis en place et semble avoir un rôle clef. Il a été placé en détention provisoire.
Depuis que l'affaire, qui implique aussi d'autres sociétés, a été rendue publique avec la diffusion de 51 mandats d'arrêts par la justice, 32 personnes ont été mises en examen. Vendredi, deux des « personnages principaux » de l'affaire ont également été placés en détention provisoire: Francisco Granados, ancien secrétaire du Parti populaire (PP, conservateurs) dans la région de Madrid et ancien membre du gouvernement régional, et son ami d'enfance David Marjaliza, qui usaient de leurs connexions pour échanger des contrats contre des pots de vins.
L'affaire a mis en cause des élus de tous bords, mais essentiellement du PP, et provoqué l'inquiétude de l'establishment politique à moins d'un an d'élections régionales et municipales puis, à l'automne 2015, des élections législatives. La maison mère de Cofely, GDF Suez, a de son côté promis de collaborer avec la justice et de prendre des « sanctions exemplaires » si nécessaire.
Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, pressé de prendre des mesures contre la corruption alors qu'un nouveau scandale éclate chaque semaine, a demandé mardi « pardon » aux Espagnols et confirmé depuis que près de 300 magistrats et fonctionnaires seraient nommés pour renforcer la justice.