Covid-19 : Haro du CNB contre l’audience à juge unique, par visioconférence et à publicité restreinte

Le bureau du Conseil national des barreaux (CNB) a annoncé vendredi avoir décidé de former un recours à l’encontre de l’ordonnance dite « pénale » publiée la veille au Journal officiel et généralisant, notamment, la visioconférence sans l’accord du justiciable devant toutes les juridictions pénales jusqu’à l’expiration d’un délai d’un mois après la fin de l’état d’urgence sanitaire proclamé par le décret du 14 octobre dernier, outre une publicité des audiences réduite à une peau de chagrin.
C’est sous couvert de « permettre la continuité de l’activité des juridictions pénales essentielle au maintien de l’ordre public », mise en avant à l’article premier, que le texte présidentiel
De même, les articles 6 à 8 de l’ordonnance vont permettre, dès qu’un décret aura constaté « la persistance d’une crise sanitaire de nature à compromettre le fonctionnement des juridictions malgré la mise en œuvre [de la visioconférence] », la généralisation du juge unique devant la chambre de l’instruction, le tribunal correctionnel, la chambre des appels correctionnels, le tribunal pour enfants, la chambre spéciale des mineurs, le tribunal de l’application des peines et la chambre de l’application des peines.
Et c’est dans un souci de strict respect des « règles sanitaires en vigueur » que devant toutes les juridictions pénales, les débats se dérouleront en « publicité restreinte » (art. 5). Tant que durera la crise sanitaire, la règle sera donc une comparution du délinquant par visioconférence devant un juge unique à l’abri de tous les regards, avec une présence de journalistes limitée et à la seule discrétion du président.
« Ces mesures […] sont totalement disproportionnées dans un contexte où les mesures barrières existent […] et alors que les juridictions fonctionnent actuellement normalement en dépit de la deuxième vague », juge le CNB qui estime qu’il ne peut « laisser passer cette nouvelle attaque contre les droits de la défense, ce déni de justice, cette régression de l’État de droit », pour en appeler à la censure du Conseil de l’État qui pourtant, depuis le début de cette pandémie, n’est, comme son nom l’indique parfaitement, que le conseil de l’état et ne peut se transformer en régulateur sanitaire et judiciaire.
Dans le rapport