Covid-19 : Le barreau de Paris recommande de ne pas télécharger l’application ‘StopCovid’

Un décret publié samedi au Journal officiel crée un traitement de données à caractère personnel qui est nécessaire au bon fonctionnement d’une application mobile de suivi de contacts dénommée « Stopcovid » téléchargeable dès demain midi sur votre smartphone.
Cette application, dont le téléchargement et l’utilisation sont libres et gratuits, doit permettre à ses utilisateurs d’être informés lorsqu’ils ont été à proximité d’au moins un autre utilisateur diagnostiqué ou dépisté positif au virus du covid-19 et ce grâce à « la conservation de l’historique de proximité des pseudonymes émis via la technologie Bluetooth ».
Le texte
Bien que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) ait donné sa bénédiction à ce décret, la CNCDH n’en démord pas et a renouvelé, le 26 mai, les « inquiétudes » développées dans son avis rendu le 28 avril 2020 et aux termes duquel elle alertait les pouvoirs publics sur « les dangers de toute application de suivi des personnes et des contacts, notamment au regard du respect de la vie privée ». « En suscitant des réactions d’anxiété, de stigmatisation et de discriminations à l’égard des personnes contaminantes ou contaminées ou de celles qui refuseront d’installer l’application, les pouvoirs publics fragilisent la cohésion sociale », estime la CNCDH qui s’inquiète également de l’effet de « légitimation attaché à la protection de la santé publique qui faciliterait à l’avenir l’utilisation de ce type de technologie à d’autres fins ».
Pour les droit-de-l’hommistes, l’application StopCovid, qui est d’une « efficacité incertaine » porte, dans ses modalités d’accès et d’utilisation, « une atteinte manifestement disproportionnée aux droits et libertés de l’ensemble des citoyens qui, jusqu’à présent, ont fait preuve d’une belle mobilisation et d’une grande discipline au cours de la crise » et entend rappeler que les nouvelles technologies ne peuvent se substituer à une politique de santé publique « ambitieuse, notamment par des tests de dépistage ».
Reprenant ces critiques à son compte, dans une délibération adoptée le 26 mai, le barreau de Paris demande aux avocats de ne pas installer cette application et à « limiter l’usage de fonction Bluetooth aux seules applications professionnelles présentant des niveaux de sécurité satisfaisante ».