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Crowdfunding : Un emprunteur sur Unilend utilise les données personnelles des prêteurs

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Benoe.fr, le site événementiel de la société Élephants & Co. Capture d'écran. Benoe.fr, le site événementiel de la société Élephants & Co. Capture d'écran.

Le gérant de la société Elephants & Co, Nicolas Clauzon, a écrit mardi aux 828 membres de la communauté Unilend qui lui ont prêté, au mois de mai dernier, 60 000 euros pour 36 mois au taux moyen de 6,3 % pour leur proposer « en avant-première » de souscrire une ou plusieurs actions de sa société au prix de 380 euros pièce via la plateforme de financement participatif Happy-capital.com à l’occasion d’une augmentation de capital qui leur est réservée à concurrence de 250 000 euros. Faut-il souscrire ?

Basée à Nanterre (Hauts-de-Seine) et fondée en 2003, la société était présentée l’an dernier, à l’occasion de la levée de fonds sur Unilend, comme étant « spécialisée dans l’organisation d’événements à destination des entreprises [… et] développe une plateforme événementielle en ligne benoe.fr [… qui] propose des événements clés en main aux entreprises et aux particuliers » et dévoilait ses comptes sociaux pour les trois dernières années.

Pour l’exercice clos au 30 septembre 2015, le chiffre d’affaires s’est élevé à 189 079 euros (contre 150 930 € l’année précédente) et le résultat net est de 14 206 euros (contre une perte de 79 977 € à fin septembre 2014). Le total de bilan à fin septembre 2015 est de 188 223 euros avec, au passif, 64 302 euros de fonds propres, 9 035 euros de provisions pour risques, 37 496 euros de dettes fournisseurs et autres et 83 473 euros de produits constatés d’avance et, en face, à l’actif, 4 324 euros d’immobilisations, 99 189 euros de « disponibilités » et 69 806 euros de créances clients et autres. Si l’on réduit les « produits constatés d’avance » à concurrence des créances du poste clients qui ne sont pas dues, on a une société avec un total de bilan d’environ 100 000 euros.

Dans les documents dévoilés à l’occasion de l’augmentation de capital en cours, on apprend que le chiffre d’affaires pour l’exercice clos au 30 septembre 2016 s'est élévé à 197 418 euros (+4,41 %) et que le résultat net a fondu à 329 euros (-97,68 %). Les fonds propres sont passés de 64 302 à 64 631 euros (+0,51 %) dont 20 000 euros de capital et le reliquat de 44 631 euros constitué de réserves, report à nouveau et bénéfice de l’exercice écoulé.

Associé unique de sa SARLU au capital de 20 000 euros, Nicolas Clauzon l’a transformée, selon un procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue le 1er février 2017, en SASU et propose d’en céder un quart moyennant la création de 660 actions au nominal de 10 euros et une prime d’émission de 370 euros plus 3 % de frais facturés par la plateforme et pris partiellement ou totalement en charge par la société en cas de souscription supérieure à 5 000 euros. Cette prime d'émission de 3 700 % est-elle justifiée ?

La société dispose de 64 631 euros de fonds propres au 30 septembre 2015, soit une valorisation comptable de 32,32 euros pour chaque action et après l’éventuelle augmentation de capital de 250 000 euros, la valeur de l’action ressortirait à 118,02 euros générant un profit immédiat de 265,17 % pour M. Clauzon et une perte toute aussi immédiate pour les éventuels investisseurs de 68,94 %.

Cette prime n’est justifiée ni par le résultat cumulé des trois dernières années qui est négatif à concurrence de 65 442 euros (-79 977 + 14 206 + 329) ni par le résultat isolé de la dernière année ni par le chiffre d’affaires ni par la potentielle réduction d’impôt sur le revenu ou sur la fortune à laquelle aurait droit le souscripteur. Avis : Investissement déconseillé sauf pour les amateurs de sensations très fortes.

Unilend a par ailleurs réagi en informant les prêteurs de l’an dernier que cette « sollicitation a été effectuée sans [son] accord et [ils ne peuvent] en aucune manière [s’]associer à cette démarche ». Ses conditions générales de vente interdisent expressément toute utilisation des coordonnées personnelles par les emprunteurs, indique par ailleurs Unilend qui dit se réserver « le droit d’agir à l’encontre d’Eléphant & Co / Be Noé ».

Sollicitée par LexTimes, la société Elephants & Co n'avait pas encore réagi au moment de publier.

 

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