Culture : Cinémas, théâtres et salles de spectacles resteront fermés
Compte tenu du niveau de contamination qui reste élevé depuis le couvre-feu et de l’augmentation de la prégnance des variants de la covid-19, le juge des référés du Conseil d’État a estimé vendredi que la fermeture de tous les lieux culturels n’est pas « manifestement illégale ».
Ce sont plusieurs personnalités du monde de la culture, parmi lesquels Francis et René Lalanne, Manu et Gérard Lanvin, Jean-Luc Moreau et Jean-Marie Bigard, qui avaient saisi le juge de l’urgence pour que soit prononcée la suspension de la fermeture des cinémas, théâtres et autres salles de spectacles imposée depuis plusieurs mois dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Les saltimbanques en manque de public depuis le mois d’octobre dernier soulevaient et ont fait plaider une atteinte grave aux libertés fondamentales que sont la liberté d’expression et la libre communication des idées, la liberté de création artistique, la liberté d’accès aux œuvres culturelles, la liberté d’entreprendre, la liberté du commerce et de l’industrie, outre le droit au libre exercice d’une profession dont ils sont privés depuis près d’un an.
De l’autre côté, les services du ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran ont fait valeur que les risques afférents aux lieux ouverts au public sont « d’autant plus élevés » que les lieux sont « clos » et « à forte densité » de personnes et les contacts prolongés, soulignant que le respect des mesures barrières et des protocoles renforcés ne suppriment pas le risque élevé « lié au brassage de population, à la densité de personnes présentes en un même lieu » avec, de surcroît, un risque de contamination bien plus élevé dans les files d’attente, les points de regroupement et les comportements à risque de projection de gouttelettes lors de chants ou déclamations.
S’appuyant sur un avis médical, les demandeurs à la réouverture des lieux culturels faisaient également valoir « l’état de santé psychologique » fortement « dégradé » dans lequel se trouve toute la population en général et les jeunes en particulier du fait d’une augmentation « exponentielle » des consultations de psychiatres et psychologues pour des pathologies préexistantes mais également une arrivée massive de nouveaux patients. « La culture est beaucoup plus qu’un divertissement, selon l’avis médical produit, elle participe à la construction mentale des enfants, à la socialisation des jeunes et à la protection psychologique des âgés […] Le décrochage des jeunes à l’université ou aux apprentissages ne sera pas toujours récupéré à la fin du confinement. Ce confinement protège du virus, mais ses effets secondaires sont terribles […] Un moindre confinement constitue maintenant une urgence sanitaire. Les lieux de spectacle bien organisés offrent cette possibilité […] Plus tard, il sera trop tard. Les dégâts cérébraux, psychologiques et sociaux bien installés seront durables. L’allègement du confinement pour la culture est une urgence sanitaire ».
Le juge de l’urgence
Le variant britannique devrait devenir majoritaire au cours des prochains jours avec à la clé un risque élevé d’une forte augmentation des contaminations au cours des prochains semaines, retient pour acquis la juridiction administrative qui — bien que les mesures sollicitées seraient de nature à avoir un effet positif sur l’état psychologique de l’ensemble de la population — juge que la fermeture au public des cinémas, théâtres et salles de spectacles n’est pas manifestement illégale. Le salut ne viendra que par le vaccin et, le cas échéant, par un certificat ou passeport sanitaire.