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Droits de l'homme : Un avocat émirati détenu arbitrairement depuis 4 ans

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Mohammed Abdullah Al-Roken. Mohammed Abdullah Al-Roken.

L’Observatoire international des avocats en danger dit apporter son soutien à l’avocat émirati Mohammed Abdullah Al-Roken engagé dans la défense des droits de l’Homme et détenu depuis 2012 pour avoir apporté son concours à des prisonniers d’opinion et œuvré pour la protection des droits de l’homme.

Mohammed Abdullah Al-Roken, 54 ans, avocat et titulaire d’un doctorat en droit constitutionnel (Warwick University, 1992) aurait été arbitrairement arrêté le 16 juillet 2012 lorsqu’il est allé signaler la disparition de son fils Rashid et de son gendre, Abdullah al-Hajeri, à la police, puis détenu dans une prison secrète où il aurait été torturé, maltraité, et maintenu à l’isolement jusqu’à son jugement. Il a été condamné par la cour de sûreté des Émirats Arabes Unis à une peine d’emprisonnement de 10 ans pour avoir « conspiré contre le gouvernement » à l’issue d’un procès « inéquitable et politique de masse » qui s’est tenu en juillet 2013.

Dans cette affaire, 94 personnes ont été jugées, dont plusieurs dizaines de militants et défenseurs des droits de l’homme, juges, avocats, universitaires, et leaders étudiants. Avant leur arrestation, tous avaient pacifiquement appelé à davantage de droits et libertés, notamment le droit de vote aux élections parlementaires. La signature de Mohammed Abdullah Al-Roken figure parmi les 133 signataires d’une pétition adressée aux autorités du pays en mars 2011.

Lors de ce procès en juillet 2013, les juges émiratis n’ont pas examiné les allégations de torture et de mauvais traitements dénoncés par les accusés et ont justifié leurs condamnations par des « aveux obtenus sous la torture » en violation de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ratifiée par les Émirats Arabes Unis en… 2012. 

Mohammed Abdullah Al-Roken est un juriste militant reconnu et estimé, ancien président des juristes des Émirats Arabes Unis, et membre d’Amnesty International dont il est le principal contact aux Émirats. Il figurait parmi les finalistes du Prix Front line Defenders en 2014 et a obtenu le Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l’homme en 2012.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont vainement exhorté le gouvernement des Émirats Arabes Unis, élu le 28 octobre 2015 au Conseil des droits de l’homme pour un mandat de trois ans, à tenir son engagement de respecter les normes internationales des droits de l’homme et de mettre en œuvre les recommandations du Conseil en ce sens. 

Le rapporteur spécial des Nations Unis sur l’indépendance des juges et des avocats a par ailleurs, dans son rapport de mai 2015, recommandé au gouvernement émirati de mettre en place un organisme indépendant ayant pour mission d’enquêter sur « les allégations de torture et de mauvais traitements présumés » ayant eu lieu lors d’arrestations et de détentions ainsi que des mesures pour « mettre fin à toute forme de pressions ou de menaces exercées sur les avocats et à tout autre obstacle au libre exercice de leur profession »

L’Observatoire international des avocats en danger appelle à la mobilisation de toutes les instances et organisations internationales pour la libération de Mohammed Abdullah Al-Roken. 

L’Observatoire a été fondé par le Conseil national des barreaux (CNB), le Barreau de Paris, le Consejo General de la Abogacía Espanola (Espagne) et le Consiglio Nazionale Forense (Italie) avec pour objectif de mener « une veille permanente de la situation des avocats menacés dans le monde en raison de l’exercice légitime de leur profession et de porter assistance aux avocats dont la vie, la liberté ou l’exercice professionnel sont menacés ».

 

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