Écoutes : Des avocats indispensables mais pas intouchables

En écho à l’ « appel à signatures » que fait circuler la présidente de l’association des avocats pénalistes (Adap), Corinne Dreyfus-Schmidt, pour dénoncer les 7 perquisitions qui ont eu lieu, il y a dix jours, dans les bureaux et domiciles de Me Thierry Herzog et le secret professionnel de l’avocat qui ferait l’objet « d’atteintes graves et répétées » injustifiées, un autre groupe d’avocats signe ce matin sur lemonde.fr un texte, plus sensé, titré « les avocats sont indispensables mais ne sont pas intouchables ».

À mille lieues du texte corporatiste de Me Dreyfus-Schmidt qui appelle ses confrères à soutenir aveuglément un homme et une cause sans en connaître les tenants et aboutissants, le texte publié ce matin, en revanche, reconnaît que « les écoutes sont légales » lorsque des juges indépendants et impartiaux « l’ordonnent dans le respect des procédures » et, de préciser, que si les avocats sont indispensables, ils ne sont pas intouchables, ils peuvent également être « mis sur écoute comme tout autre personne » avec pour seule limite « infranchissable » les droits de la défense et le secret professionnel.

Mais c’est sur la portée et l’étendue de ce secret professionnel qui constitue le noyau des droits de la défense que ce second texte présente un justesse et une hauteur de vue que le premier n’a pas. En effet, expliquent les signataires, le secret professionnel ne peut pas servir de rempart pour que l’avocat commette ou pour que le client de l’avocat puisse commettre impunément une infraction. La nuance est bien évidemment de taille. Le secret professionnel de l’avocat est absolu tant que l’avocat reste dans son rôle de conseil et ne se rend pas complice voire coauteur.

S’agissant plus particulièrement de ce qui anime ces derniers jours avocats, médias et classe politique, on peut lire, fort justement, que « seule la connaissance [des] éléments objectifs et [des] circonstances de la mise en œuvre des écoutes permettra d’en critiquer et d’en justifier leur légalité » et les signataires en appellent au parquet pour que l’on « sache et vite ce que ces écoutes téléphoniques disent ou révèlent » pour mettre un terme à ce « véritable trouble à l’ordre public ». Parmi les 26 premiers signataires, on relève les noms de William Bourdon, Léon-Lef Forster, Jean-Pierre Mignard,…