Élections ordinales 2016 : Les cinq candidats au bâtonnat de Paris

Les mardi 29 novembre et jeudi 1er décembre 2016, les avocats parisiens sont appelés à voter pour le renouvellement d’un tiers des membres du conseil de l’ordre ainsi que pour l’élection du bâtonnier et éventuel vice-bâtonnier qui prendront leurs fonctions le 1er janvier 2018.
Quatorze binômes paritaires pour les 14 sièges à renouveler du conseil de l’Ordre et cinq candidats au bâtonnat : deux en solitaire (Jean-Louis Bessis et Carbon de Seze), deux binômes paritaires (Olivier Cousi/Nathalie Roret et Marie-Aimée Peyron/Basile Ader) et un binôme 100 % femmes (Élizabeth Oster et Élisabeth Cauly).
Tous s’accordent pour promettre davantage de confraternité et de transparence ou de batailler pour préserver le secret professionnel ou d’améliorer les droits des collaborateurs mais au-delà de ces quelques promesses creuses répétées à chaque élection et de slogans à l’emporte-pièce, qu’est-ce qui différencie les candidats de cette année à cette course au primus inter pares ? Rien ou pas grand-chose si ce n’est un égo plus ou moins surdimensionné et une immodestie congénitale incurable.
Olivier Cousi et Nathalie Roret sont pour un ordre qui « déménage » car ils sont « indépendants » et n’ont « de compte à rendre qu’aux avocats ». « Une voix pour tous les avocats » et un ordre à leur service, surenchérissent Marie-Aimée Peyron et Basile Ader. Professeur des universités, représentant permanent de la France à l’OMC, « on ne peut [le] suspecter de faire du bâtonnat un tremplin vers des fonctions futures », clame le trublion Jean-Louis Bessis qui se présente pour la énième fois et se dit, en outre, toujours aussi « désintéressé, disponible et impartial ». Quant aux deux Éli/z/s/abeth du défunt Cosal (Syndicat des avocats libres, 2004-2011), au terme de « dix années de mandat commun », elles sont convaincues de « la nécessité de créer de nouvelles dynamiques, en rupture avec le passé » et le benjamin, Carbon de Seze, à peine 44 ans et avocat depuis moins de 20 ans, se met sur les rangs, lui, pour « relancer » le « navire ordinal [qui] tangue » que certains veulent « brûler » et d’autres « ne rien changer ».
Un référé d’heure à heure pour sanctionner les « incivilités »
Les deux binômes paritaires traditionnels, Cousi/Roret et Peyron/Ader, soutenus par tout l’establishment (gros cabinets de la capitale et syndicats de la profession), se sont distingués ces derniers mois par une avalanche ininterrompue de courriels, vidéos, cocktails et autres manifestations en tous genres pour s’imposer comme le « mieux-disant » et perpétuer la tradition séculaire avec les thèmes de prédilection de la profession que sont inviolabilité du secret professionnel pour tous les Bismuth et des collaborateurs libéraux affublés de plus en plus de tous les droits du salariat (maternité, paternité, maladie, chômage, congés,…) aux dépens de la collectivité. Les deux s’accordent aussi sur un manque croissant de confraternité et promettent la mise en place d’un référé d’heure à heure pour sanctionner les « incivilités » et autres « débordements » anticonfraternels.
Quant aux trois petits candidats, il y a chez eux, en plus de l’égo nécessairement quelque peu surdimensionné et de l’indispensable immodestie congénitale, une certaine envie de tout casser ou relancer selon le cas, d’une rupture apparente avec le passé qui ne pourrait de toute façon pas être mise en place en deux ans s’ils devaient, par un extraordinaire effet Trump, accéder à la fonction convoitée et tenir leurs promesses.
Une généralisation de l'assurance perte de collaboration
Tous les trois s’accordent pour dénoncer la MOdA, la nouvelle maison des avocats qui doit être construite, pour un coût d’environ 100 millions d’euros, sur le parvis du nouveau tribunal de grande instance aux Batignolles. Carbon de Seze a mis en ligne une pétition réclamant un moratoire, le tandem Oster-Cauly dit avoir formé un recours devant la cour d’appel de Paris et Jean-Louis Bessis assure qu’il fera procéder à un audit. En réponse, six vidéos ont été mises en ligne par l’Ordre pour expliquer la genèse de la construction de cette MOdA et une septième annonce l’organisation d’une « présentation de la MOdA à l'auditorium de l[’actuelle] Maison du Barreau [rue de Harlay] le 8 décembre entre 8h30 et 10h30 avec un accueil café et croissants [à laquelle] tous les avocats du barreau de Paris sont conviés ».
Parmi les idées dites modernes, une labellisation des LegalTech pronée par le tandem Cousi-Roret considérée comme une « hérésie » par Oster-Cauly, un service affacturage pour dégager de la trésorerie et une agence de recouvrement des honoraires (de Seze), une déclaration de conflits d'intérêt et de patrimoine pour les élus (Oster-Cauly), une exonération de cotisations pour les avocats générant un revenu annuel inférieur à 36 000 euros (Bessis) et une généralisation de l'assurance perte de collaboration (Cousi-Roret) plébiscitée par Avi Bitton dont c'est le fonds de commerce depuis la création de son Manifeste des avocats collaborateurs.