Emprunts toxiques : L'envolée du franc suisse fait plier les hôpitaux qui en appellent à François Hollande

Après des municipalités depuis quelques années, ce sont des représentants de la communauté hospitalière qui demandent l'intervention du président de la République François Hollande « pour régler la dette des hôpitaux ayant contracté des emprunts toxiques, aggravée par l'envolée du franc suisse », selon une lettre consultée ce matin.
Dans un courrier daté du 11 février, la Fédération hospitalière de France (FHF), les présidents des conférences des directeurs de CHU et CH et les représentants des commissions médicales d'établissements interpellent le président « pour que les intérêts des hôpitaux et des Français ne soient pas sacrifiés au profit des intérêts des banques ». « Il est urgent qu'un dispositif gouvernemental de règlement de la dette des hôpitaux soit mis en place, qui devra nécessairement impliquer une mise à contribution financière des établissements bancaires », osent-ils écrire. Auraient-ils partagé « le profit »avec la collectivité des contribuables si les taux de change et d'intérêt avaient évolué dans le sens par eux escompté ?
Les hôpitaux publics ont, à l'instar de certaines collectivités locales, souscrit des emprunts, dits « toxiques » qui sont indexés sur des monnaies étrangères, pour financer des plans « d'investissements massifs [...] conformément aux injonctions des pouvoirs publics », indiquent les signataires. Avec la flambée de la monnaie helvète, provoquée par l'abandon mi-janvier du taux plancher de conversion de la Banque nationale suisse, « la dette des hôpitaux vient de s'alourdir de plusieurs centaines de millions d'euros [500 millions à rajouter à un encours d'environ 730 millions, selon la FHF, ndlr] », alertent les auteurs de la lettre.
Ils jugent « obsolète » et « dérisoire » le fonds de compensation de 100 millions d'euros débloqué en avril dernier comme contrepartie aux établissements hospitaliers, auxquels la loi interdit « d'engager des recours contentieux contre les banques » et réclament « un règlement global de cette question »comparable au fonds de soutien d'un milliard 500 millions d'euros créé l'an dernier à destination des collectivités victimes d'emprunts toxiques, a expliqué le responsable de la communication de la FHF, Emmanuel Goddat.
Les signataires étudient par ailleurs « des recours contentieux auprès de la Cour de justice de l'Union européenne » et menacent à nouveau « de geler le paiement des intérêts dus aux banques ». Il y a dix jours, le ministère de l'économie avait invité hôpitaux et collectivités touchés par la flambée du franc suisse « à déposer leurs dossiers auprès des dispositifs de soutien d'ici au 30 avril ». Déjà en contact avec le secrétaire au budget, Christian Eckert, la FHF sera reçue mardi par la ministre de la santé, Marisol Touraine.
Le taux de change de l'euro s'établit actuellement à 1,0729 franc suisse, au lieu de 1,20 il y a un mois.