Erdoğan : Les avocats parisiens réclament la libération de leurs confrères turcs emprisonnés

À l’occasion de la visite officielle en France du président turc Recep Tayyip Erdoğan, le barreau de Paris dit constater que la situation des avocats et des magistrats turcs n’a cessé de s’aggraver depuis un an et qu’ils sont « victimes d’une purge de grande ampleur au mépris de toutes les conventions internationales et des droits les plus élémentaires », la Turquie ne pouvant « prétendre être un régime respectable au sein des nations sans un état de droit dont les avocats, les magistrats et les journalistes sont les sentinelles ».
Exprimant la solidarité des avocats parisiens et mobilisant tous les moyens nécessaires pour qu’ils retrouvent leur place et leur rôle, le barreau de Paris compte, parmi les 42 membres de son conseil de l’ordre, deux spécialistes de la question turque que sont Martin Pradel et Rusen Aytac qui font notamment état de leur confrère Engin Gokoglu, avocat au barreau d’Ankara, détenu à la prison de Tekirdag, qui aurait été battu le 30 octobre 2017 par les gardiens et qui serait poursuivi et emprisonné arbitrairement.
Le vice-bâtonnier Basile Ader demande au président de la République Emmanuel Macron qu’il « interfère avec fermeté auprès du président turc pour la libération sans condition des 71 avocats condamnés à de longues peines d'emprisonnement et l’abandon des poursuites qui visent au total 1 486 avocats », parmi lesquels Selcuk Kozagacli qui a été honoré lors de la rentrée solennelle du barreau en 2016.
Les avocats parisiens réclament également le retrait du récent décret publié sous état d’urgence autorisant les citoyens turcs à se faire justice eux-mêmes en cas de suspicion de terrorisme car cela ne conduira qu’à « une spirale de violences dont tous les citoyens turcs seront les victimes potentielles » et rien ne peut justifier, poursuit le vice-bâtonnier Ader, « le mépris du président turc pour la liberté d’expression, les droits de la défense et plus généralement les droits humains bafoués quotidiennement ».
Vœu pieux s’il en est : le retour « immédiat à un véritable état de droit en Turquie dont la justice est le pilier central » est « exigé ». On peut rêver !