Finance : Londres 1 - BCE 0 pour les chambres de compensation

Le tribunal de l'Union européenne, saisi par le Royaume-Uni, a donné tort mercredi à la Banque centrale européenne, qui impose la localisation dans la zone euro de certaines chambres de compensation, estimant qu'elle n'avait pas la compétence nécessaire pour le faire.
La BCE impose à certaines chambres de compensation d'être juridiquement enregistrées, contrôlées et opérées dans la zone euro. Les organismes de compensation à contrepartie centrale prennent en charge les engagements contractés lors de certaines transactions sur dérivés de gré à gré. Concrètement, ils assurent la sécurité des opérations entre vendeurs et acheteurs, jouant en dernier ressort le rôle de fonds de garantie.
La BCE impose que soient localisées dans la zone euro les contreparties centrales qui, en moyenne, ont une exposition de crédit nette journalière de plus de 5 milliards d'euros dans l'une des principales catégories de produits libellés en euros. Le Royaume-Uni, qui abrite, à la City de Londres, la principale place financière d'Europe mais ne fait pas partie de la zone euro, avait introduit un recours en annulation devant le Tribunal de l'UE, soutenant que la BCE n'était pas compétente pour imposer cette règle.
Le Tribunal
La BCE justifie son exigence de localisation par le fait que les contreparties centrales sont des composantes essentielles du système financier et que par conséquent, un problème financier, juridique ou opérationnel affectant ces systèmes pourrait atteindre de manière systémique le système financier. Selon elle, un dysfonctionnement des infrastructures situées hors de la zone euro pourrait donc avoir des incidences négatives sur les systèmes de paiement situés dans la zone euro, alors même que l'Eurosystème (la BCE et les banques centrales des pays partageant l'euro) ne dispose d'aucune influence directe sur ces infrastructures.
Sans surprise, la nouvelle a été bien accueillie au Royaume-Uni. Le ministre britannique des finances, George Osborne, a salué dans un communiqué « une victoire majeure » pour son pays, rappelant que son gouvernement avait« toujours été clair sur la nécessité que les règles du jeu soient les mêmes partout au sein du marché unique européen, que l'on soit dans la zone euro ou pas ». Quant à la Banque d'Angleterre (BoE), elle « prend note » de la décision du Tribunal et se dit déterminée à « continuer à rechercher une approche coordonnée et partagée avec la BCE pour mettre en œuvre les objectifs communs de stabilité financière et de bon fonctionnement des infrastructures de marchés financiers ».