Gilets jaunes : Le mea culpa et les timides annonces du président de la République

Une barbe de près de vingt-quatre heures, les mains posées bien plat sur le bureau pour contenir son stress, l’œil brillant, c’est ainsi que le président de la République Emmanuel Macron s’est présenté hier soir, dans une brève allocution télévisée, pour un mea culpa à la Nation en général et aux Gilets jaunes modérés en particulier, et tenter ainsi par quelques timides annonces de désamorcer la bombe sociale qui menaçait et menace toujours d’exploser avant les fêtes de fin d’année à l’instigation des insoumis et frontistes infiltrés dans le mouvement spontané et qui, eux, n’en veulent qu’à sa tête.
« Je sais […] qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous par mes propos. Je veux ce soir être très clair avec vous. Si je me suis battu pour bousculer le système politique en place, les habitudes, les hypocrisies, c’est précisément parce que je crois plus que tout dans notre pays et que je l’aime et ma légitimité, je ne la tire d’aucun titre, d’aucun parti, d’aucune coterie ; je ne la tire que de vous, de nul autre », a déclaré le chef de l’État dans un mea culpa un peu puéril mais empreint d’une certaine sincérité si ce n’est d’une sincérité certaine et non sans avoir au préalable condamné les « violences inadmissibles » des dernières semaines et fustiger les « irresponsables politiques » dont le seul projet est de « bousculer la République, cherchant le désordre et l’anarchie ».
Au titre des mesures annoncées au surlendemain de l’acte IV d’une mobilisation qui a réuni 125 000 personnes dont 10 000 à Paris et qui a donné lieu à 1 723 interpellations et 1 220 gardes à vue par 89 000 agents des forces de l’ordre dont 8 000 à Paris, le président de la République a annoncé trois mesures qui entreront en vigueur au 1er janvier prochain et une quatrième immédiate mais laissée à la seule discrétion des entreprises. Il s’agit en effet d’une prime exceptionnelle que les entreprises pourront verser d’ici Noël à leurs salariés, sans impôts ni charges sociales, sans mention de minimum ni de maximum. La première à emboîter le pas, Publicis a annoncé, dès l’aube, qu’elle verserait, dès les dispositions législatives en ce sens adoptées par le parlement, 1 000 euros à chacun de ses collaborateurs ayant un salaire égal ou inférieur à 2 500 euros.
Pour calmer la grogne des Gilets jaunes modérés et les inciter à rester chez eux samedi prochain, Emmanuel Macron a annoncé que « le SMIC mensuel [net] augmentera de 100 euros dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus à l’employeur » qui devrait se faire principalement via une hausse de la prime d'activité. Autre mesure, dès le 1er janvier 2019, pour les salariés à la seule discrétion des entreprises qui ont des carnets de commande suffisamment remplis, le retour des heures supplémentaires Sarkozy sans charges sociales ni impôts, ni charges. La dernière mesure vise les retraités qui « touchent moins de 2 000 euros par mois » pour qui « la hausse de CSG subie cette année [sera annulée] en 2019 ». Il s’agit en fait de ceux ayant une retraite comprise entre 1 200 et 2 000 euros car les retraités dont le revenu fiscal de référence était inférieur ou égal à 14 404 euros pour une personne seule ou 22 096 euros pour un couple n’avaient pas été impactés par la hausse de CSG de 1,7 % du début de l’année 2018 et ont même bénéficié d'une CSG au taux réduit à 3,8% en 2018. Trop tard, pas assez. Quatre mesures qui risquent d'être considérées comme insuffisantes et la fusion de la CSG avec de l'impôt sur le revenu pourrait être la solution à examiner sérieusement.
Le président de la République a également fait état d’une volonté de s’attaquer davantage aux « avantages indus et à la fraude fiscale » en veillant à ce que les dirigeants des grandes entreprises françaises paient leurs impôts en France, d’une part, et que les grandes entreprises qui réalisent des profits en France paient l’impôt français, d’autre part.
Une loi électorale « plus juste » est également promise avec notamment la prise en compte du vote blanc.