Grenoble : Juges offensés ou juges de l'offense ?

Le syndicat des avocats de France (SAF) dénonce la garde à vue, l'hospitalisation d'office et la suspension provisoire dont fait l'objet l'avocat grenoblois Bernard Ripert, avocat historique d'Action directe.
Au-delà de la personne de Bernard Ripert auquel il apporte tout son « soutien », le syndicat dit vouloir dénoncer « les conditions de plus en plus inacceptables dans lesquelles la défense doit s'exercer » et estime « inacceptable » qu'un procureur de la République puisse à la fois se comporter en plaignant, en autorité de poursuite et jeter en pâture à la presse l'honneur et la dignité d'un avocat.
Pour le SAF, c'est en violation « des principes les plus élémentaires d'impartialité élevés au rang de principe général » que les avocats se retrouvent poursuivis et jugés « par ceux-là mêmes qui se posent en victime d'une défense libre et offensive » et il appelle de ses vœux « une réforme radicale de la procédure disciplinaire et des conditions dans lesquelles des poursuites peuvent être engagées à l'encontre d'un avocat » car il y aurait une « intensification récente des poursuites engagées contre les avocats » alors que sans le concours d'un avocat libre et indépendant, les décisions de justice, explique-t-il, n'ont aucune autorité et ne sont guère respectables.
Ces procédures démontreraient la défiance croissante de l'institution judiciaire à l'égard des avocats, selon le syndicat qui considère qu'elles sont encouragées par des législations d'exception qui marginalisent la défense et par des législations de contournement du débat judiciaire.
Les avocats n'ont pas vocation à faire de la figuration ou à assurer simplement une présence pour le confort du juge, s'insurge le SAF qui « exige » que les poursuites disciplinaires en cause d'appel relèvent de la compétence d'une juridiction impartiale composée de magistrats et d'avocats et hors le ressort de la cour d'appel où exerce l'avocat poursuivi et hors le ressort de la juridiction concernée par la faute disciplinaire reprochée.
La mesure d'hospitalisation d'office frappant Me Ripert a été levée mecredi en fin de journée, apprend-on par le président du Conseil national des barreaux (CNB) Pascal Eydoux qui se dit satisfait de cette décision et demeure « vigilant face aux pratiques qui consistent à placer en garde à vue, menotter et interner un avocat pour des faits en relation avec l'exercice de la défense » mais rappelle néanmoins qu'une situation exceptionnelle ne saurait être de nature à remettre en cause « les relations que les avocats et les magistrats doivent entretenir ».