Grève AJ : Plainte des avocats toulousains contre des policiers

Dix-sept avocats ont déposé plainte aujourd'hui à Toulouse contre la police après avoir été victimes la veille de jets de gaz lacrymogène ou de coups lors d'une manifestation contre la réforme de l'aide juridictionnelle (AJ), a annoncé le bâtonnier Anne Fauré.
Le parquet de Toulouse a annoncé qu'il saisissait l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avec en qualification, celle des plaignants : « Violences par personnes dépositaires de l'autorité publique [...] ». Quelque 150 membres du barreau ont manifesté et bloqué jeudi les portes du palais de justice pendant trois heures. Selon la police, les incidents ont éclaté lorsqu'elle a voulu mettre en sécurité des fourgons.
« Nous avons 20 victimes, dont quatre ont eu besoin de voir un médecin », a affirmé Me Fauré, déplorant l'utilisation de « gaz lacrymogène, coups de matraque, mise à terre avec coups de genou et coups de pieds » contre « des avocats en robe ». En civil et accompagnés du bâtonnier, les avocats plaignants sont entrés dans le commissariat sous les applaudissements d'une cinquantaine de leurs confrères en robe avec pour certains une affichette « touche pas à ma robe ». Lors d'une assemblée générale, les avocats toulousains ont par ailleurs décidé de poursuivre « leur grève totale » jusqu'à lundi.
Après une semaine de grève des barreaux contre sa réforme de l'AJ, la ministre de la justice Christiane Taubira a renoncé mercredi à la mesure qui avait mis le feu aux poudres mais les avocats considèrent qu'ils n'ont pas été entendus.« J'en appelle au premier ministre et au ministre de la justice [...] pour qu'enfin [notre] indemnisation à l'AJ soit [...] augmentée de façon très significative », a affirmé Me Fauré. « Lorsque les policiers manifestent, aucune violence n'est portée à leur encontre et le premier ministre fait droit à leurs revendications. Lorsque les avocats manifestent [...] on leur envoie les CRS; il y a deux poids deux mesures et c'est inacceptable », a déploré le bâtonnier.
Dans un communiqué, le syndicat Unité SGP Police-FO a apporté « son soutien total » aux fonctionnaires engagés dans l'opération de maintien de l'ordre et rappelé que deux policiers avaient été blessés. « Les règles et techniques de maintien de l'ordre sont les mêmes pour tous et la loi s'applique à tous », a souligné le syndicat.