Groupe Doux : Le volailler abandonnerait-il son poussin ?

Les tribunaux décideront de la fermeture du site de Graincourt-les-Havrincourt (Pas-de-Calais) le 10 août prochain et le sort de cette structure semble pour l’heure bien compromis.
Une entreprise locale qui fait vivre 245 personnes qui auront des difficultés de retour à l’emploi dans un secteur déjà bien sinistré par les fermetures successives. Certes, au regard des 3 500 salariés que compte le groupe, principalement basés dans la région bretonne, cet abattoir, avec sa capacité de 210 000 poulets semaine, basé aux portes de Cambrai, ne semble pas intéresser les repreneurs.
Cependant, sa position aux portes de la Belgique pourrait sembler stratégique et faisait par ailleurs la force du groupe il y a peu. Si ce voisin est un concurrent sérieux dans l'abattage et la découpe de volailles, les produits labellisés Francese portent bien à l’exportation et pourraient aisément être développés. Avec une production de 14 290 tonnes en 2011, l’abattoir de Graincourt-les-Havrincourt est actuellement utilisé en sous-capacité et ce chiffre pourrait aisément être doublé.
De plus, les exploitations agricoles locales qui se sont tournées vers la production de volailles ont ainsi diversifié leurs activités. Les 600 producteurs vivicoles que compte la région fournissent 580 000 poulets par semaine, sixième région en matière de production. L’arrêt de cette entreprise entraînerait inévitablement la vente massive aux abattoirs belges et la fin de produits labellisés du fait des problématiques de transport.
Ministres, préfet de région et le député en place semblent suivre ce dossier de près et refuser l’évidence d’une fermeture trop facile. Les élus du secteur se sont réunis vendredi dernier et souhaiteraient obtenir des tribunaux un délai supplémentaire de deux mois pour la recherche d’un repreneur.
Pour l’heure, les salariés sont pessimistes quant au devenir de leur activité après des promesses de la direction qui n’ont pas été tenues. Si les acheteurs potentiels semblent se faire discrets, les acteurs locaux sont bien décidés à appuyer toutes les démarches qui iraient dans le sens d’une sauvegarde de l’emploi.
Cette crise, qui survient peu après la fermeture de la base militaire voisine, la BA103, est un coup dur de plus porté à l’économie locale déjà bien fragile.