Impôts locaux : Hausse de 52 % des taxes foncières à Paris en 2023

« Je proposerai au prochain Conseil de Paris une augmentation de la taxe foncière de 7 points », a écrit hier la maire de Paris Anne Hidalgo, dans un message électronique « aux parisiennes et parisiens » abonnés au fil d’actualité de la capitale, alors qu’elle avait dit et répété à l’occasion des dernières élections municipales de 2020 qu’il n’y aurait aucune augmentation d’impôt et que cela constituait la proposition numéro 1 du volet « Finances » de son programme.
Une augmentation de 7 points de l’assiette d’imposition de la taxe foncière, qui passerait ainsi de 13,5 à 20,5 %, correspondant en réalité à une hausse pour les propriétaires parisiens de 51,85 % et non 7 % comme certains ont pu le croire par une lecture trop rapide du message reçu. Un mensonge par dissimulation et un record en matière d'augmentation historiques. Seuls en seraient éventuellement exemptés les bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) ou de l’allocation supplémentaire d’invalidité (Asi) et, sous conditions de ressources, les personnes âgées de plus de 75 ans et les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé (Aah).
Mme Hidalgo se défausse royalement sur le contexte national et international préoccupant, le dérèglement climatique, la crise énergétique, la forte inflation et, plus particulièrement, sur l’État qui, explique-t-elle, non seulement n’a pas indexé les moyens mis à disposition des 34 955 communes « pour tenir compte de l’inflation [et] de l’augmentation des coûts de l’énergie » ni remboursé une partie des sommes engagées pour la fourniture des masques lors de la crise Covid-19 mais refuse également, poursuit-elle, d’examiner les amendements soutenus par les associations de maires concernant le relèvement de la taxation sur les résidences secondaires et les logements vacants, l’augmentation de la taxe de séjour actuellement « dérisoire » pour les hôtels de luxe et les palaces, et, enfin, la lutte contre les « abus fiscaux sur certaines transactions immobilières très élevée ». Autant de prétextes qui ont bon dos, pourrait-on dire.
Taxe d'habitation 2022 pour une loge de gardien de 27 m2, à Paris, considéré comme une résidence secondaire.
S'agissant de la taxe d'habitation des résidences secondaires à Paris ou assimilés tels, par exemple, les loges de gardien, il y a, pour la première fois cette année, une majoration dite "rés. secondaires" de 60 % et il est difficilement compréhensible que Mme Hidalgo ose se plaindre qu'elle n'a pas obtenu davantage. Par rapport à l'année précédente, la hausse de la taxe d'habitation sur cette loge est de 151,90 %. Depuis 2017, les communes — où s'applique la taxe sur les logements vacants — peuvent en effet voter une majoration, comprise entre 5 et 60 % de la part de la cotisation de la taxe d'habitation qui leur revient pour les résidences secondaires. Paris applique donc le maximum autorisé de 60 % en 2022.
Taxe d'habitation 2021.
À l’instar de la ville de Paris, les parisiens — particuliers et entreprises — doivent faire face à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie et ont dû, au plus fort de la crise Covid en 2020 et 2021, s’équiper en masques — la ville de Paris ayant juste fourni un ou deux à « jeter » tant ils étaient de mauvaise qualité — et en gel, cette hausse de près de 52 % s'ajoute donc à tout le reste et est donc, selon un rapide micro-trottoir réalisé hier après-midi par LexTimes, « aussi insupportable qu’indécente ».