Instruments financiers : N'investir que dans des produits que vous maîtrisez

Plateforme de trading.
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Contrats pour la différence (CFD, de son acronyme anglais, « contract for difference »), « futures », options, warrants, turbos,... autant d'instruments financiers plus ou moins complexes qui ne doivent, selon l'Autorité des marchés financiers (AMF), être utilisés que par des « investisseurs avertis » qui ont conscience « des risques importants attachés à ces produits ».

À échéance plus ou moins brève, tous ces produits sont extrêmement risqués et ne répondent à aucun besoin d'investissement à moyen ou long terme, c'est de la spéculation pure dans un but de gain immédiat avec un possible phénomène d'addiction qui, en cas de gains, incite à prendre davantage et davantage de risques pour encore et encore tenter de démultiplier le gain et la jouissance intellectuelle .

Les CFD (contrats pour la différence)

Un CFD est un produit financier qui permet de parier sur une variation à la hausse ou à la baisse d’un « actif sous­-jacent » sans jamais le détenir car lorsque vous passez un ordre sur un CFD, vous négociez un produit « dérivé », c'est-à-dire que vous n'êtes pas propriétaire des valeurs sur lesquelles vous spéculez.

L’actif sous­-jacent peut être, par exemple, un indice, une paire de devises (une monnaie contre une autre, par exemple, franc suisse contre euro) ou une action. L’acheteur d’un CFD parie, c’est­-à-­dire prend une position, sur la hausse du sous-­jacent, tandis que le vendeur parie sur une baisse, sachant qu’un CFD évolue la plupart du temps comme son sous-­jacent. À la clôture de la position, vous gagnez ou vous perdez la différence entre le prix d’achat du CFD et son prix de vente.

Les CFD sont généralement proposés avec un effet de levier qui va permettre de multiplier votre gain ou votre perte. Le courtier peut vous proposer un levier allant jusqu’à 400. Ainsi, par exemple, avec un levier de 100, pour 100 euros sur votre compte, vous prenez une position de 10 000 € (100*100).

Les CFD comportent des risques extrêmement importants. Même à très court terme, il est parfois très difficile de prévoir la bonne évolution d’un actif sous-­jacent et si son évolution ne se fait pas dans le sens escompté, le risque est de perdre non seulement toute votre mise de départ mais beaucoup plus avec l'effet de levier. Dans certains cas, quand une position reste ouverte alors que le marché de l’actif sous-­jacent est fermé, le prix du CFD peut diverger du cours de clôture de l’actif. Il peut y avoir aussi des décalages entre le moment où vous passez votre ordre et le moment où celui­ci est exécuté. En quelques secondes, le cours du sous-­jacent peut avoir accéléré sa hausse ou sa baisse, ce qui peut vous faire perdre ou de l’argent en quelques millièmes de secondes.

Les CFD n’ont pas de date d’échéance particulière et certains cotent même 24 heures sur 24, 5 jours sur 7. Les CFD sont émis par les intermédiaires financiers eux-mêmes et s’achètent et se vendent comme des actions mais ne sont pas cotés selon l’offre et la demande. Chaque CFD est un contrat passé entre un intermédiaire et un investisseur à un prix convenu.

Acheter et vendre des CFD entraîne des frais correspondant au coût du « spread », c’est-­à-­dire la différence entre le prix d’achat et de vente du CFD. Par exemple, un CFD s’achète à 101 € et se vend à 99 € mais pour les CFD actions, en revanche, une commission proportionnelle de, par exemple, 0,1% du montant investi est appliquée avec, dans tous les cas, une commission minimale de 5 ou 10 €

L'effet de levier attaché au CFD peut donc vous faire perdre, avec une seule position, en quelques secondes, plus que le montant de votre dépôt et c'est la raison pour laquelle l'AMF recommande la plus grande prudence. Il est à signaler que les intermédiaires financiers qui proposent ce produit ne font l'objet d'aucun agrément ni visa mais ils doivent néanmoins être autorisés à exercer en France et vous pouvez le vérifier sur le registre des agents financiers tenu par la banque de France.

Les « futures »

Le « future » est un contrat à terme par lequel deux parties s’engagent à acheter ou vendre une quantité déterminée d’un actif sous-jacent (une action ou un indice boursier, par exemple), à une date d’échéance et à un prix convenus à l’avance. Il permet ainsi d’anticiper les variations futures d’un actif sous-­jacent et peut donc servir à couvrir un portefeuille contre les fluctuations à venir du marché. Utilisé avec parcimonie, il permet de dynamiser les performances de son portefeuille. Le future constitue en effet un engagement ferme, il doit être exécuté à sa date d’échéance par ses contreparties, c’est-­à-­dire que l’acheteur du future doit acheter l’actif sous-­jacent au prix convenu et le vendeur doit livrer l’actif.

Au moment de l’achat (vous anticipez donc une hausse de l’actif sous-­jacent) ou de la vente (vous anticipez la baisse de l’actif sous-jacent) de future, un dépôt de garantie variable entre 5 % et 10 % est requis. Il s'agit d'une caution qui permettra d’assurer la bonne fin des opérations en cas de défaillance d’une ou des parties mais chaque jour, après la clôture du marché, vous recevez des notifications d’appels de marge qui correspondent aux profits ou pertes de votre position. En cas de bonne anticipation, vous êtes bénéficiaire de l’appel de marge et, dans le cas contraire, vous êtes redevable de l’appel de marge. Dans l’hypothèse où le solde de votre compte ne suffit pas pour faire face à l’appel de marge, votre position peut être soldée et le dépôt de garantie pourra servir à l'apurer.

Durant toute la vie du future, vous pouvez dénouer votre position et notamment lorsque votre anticipation semble s’éloigner de la réalité sans espoir de retour en prenant une position en sens inverse de la position initiale car si vous attendez l’échéance du future, l’opération sera débouclée automatiquement et donnera lieu soit au règlement d’un dernier appel de marge soit à la livraison de l’actif sous-­jacent. La liquidation ou dénouement des futures arrivés à échéance a lieu le troisième vendredi de chaque mois.

Avec un dépôt de garantie initial faible, l’investisseur bénéfice donc d’un effet de levier qui amplifie les gains mais également les pertes. Toute anticipation contraire au sens des marchés peut rapidement se traduire par une perte financière importante et il faut suivre en permanence l’évolution du sous-­jacent pour déboucler à temps une position défavorable.

À Paris, les futures se négocient sur le marché réglementé des dérivés appelé Liffe (London International Financial Futures and options Exchange). Ils peuvent être aisément achetés et vendus tout au long de leur durée de vie, via un intermédiaire, un courtier, qui achemine les ordres vers Euronext avec l'assurance que l'ordre sera bien exécuté et la procédure d'appel de marges effectuée dans les règles.

Les frais de transaction sont négociables et variables d’un intermédiaire à l’autre.

Le future est donc un instrument à effet de levier qui est également très risqué mais il est réglementé et peut être utilisé aussi bien pour de la spéculation que pour couvrir un portefeuille.

Les options

Une option est un droit d'acheter ou de vendre une quantité d'actifs (actions, devises, matières premières,...) pendant une période et à un prix convenus à l’avance mais l’exercice de ce droit n’est pas une obligation.

Il existe deux types d’options. Une option d’achat (call) qui donne le droit à son détenteur d’acheter une certaine quantité d’actifs, à une date et un prix convenus à l’avance et une option de vente (put) qui donne le droit à son détenteur de vendre une certaine quantité d’actifs à une date et un prix convenus à l’avance. On distingue également les options américaines (par 100), qui permettent d’exercer son droit d’acheter, ou de vendre, tout au long de la durée de vie de l’option, des options européennes (par 10), qui ne donnent la possibilité d’exercer son droit qu’à la date d’échéance de l’option.

Pour les options sur actions, la « quotité » représente la quantité de titres sur laquelle porte un contrat d’options. Pour les options sur actions, elle est standardisée. L’option peut être exercée, revendue pendant toute sa durée de vie ou bien conservée jusqu’à son expiration. La durée d’une option peut varier de quelques semaines à quelques années. Chaque option a une durée de vie déterminée, avec une date d’échéance (fin de validité). L’échéance varie entre un jour à cinq ans.

Le prix de l’option (la prime) varie en permanence, en fonction de la valeur du sous-­jacent (action, indice, devise, matière première,...) mais également en fonction de l’offre et de la demande.  La prime a deux composantes, une valeur « intrinsèque » et une valeur « temps ». La valeur intrinsèque représente le profit qui serait perçu immédiatement si l’on décidait d’exercer l’option auquel on ajoute la valeur temps qui disparaîtra au fur et mesure que s'approche l'échéance mais qui pourra aussi être influencée par les taux d’intérêt ou la la volatilité.

Les options ne comportent aucune garantie de récupérer sa mise et il faut être conscient du fait qu'il est possible, dans le cas d’un achat de call ou de put, de perdre la prime payée au vendeur, si vous n’exercez pas votre option.Si vous êtes vendeur de call ou de put, vous aurez l’obligation d’acheter ou de vendre le sous-­jacent, si l’autre partie du contrat exerce l’option. Dans cette hypothèse, la perte potentielle est illimitée et dépend de l’évolution du cours du sous-­jacent mais il y a aussi les risques d'illiquidité, de contrepartie (faillite de votre intermédiaire),..

Les options s'achetent et vendent sur le marché des options via un intermédiaire (courtier en ligne, banque,...) qui achemine les ordres sur le marché.

À la prime proprement dite à verser en échange du droit de vendre ou d’acheter les actifs sous-­jacent s'ajoutera, si vous décidez d’exercer l'option à sa maturité, le strike, c’est-à-dire le prix du sous-­jacent convenu dans le contrat qui est ferme et non modifiable, outre les frais prélevés pour la négociation des options qui sont variables d'un intermédiaire financier à un autre.

Une option est aussi un instrument spécualtif mais, à l'inverse des CFD et des futures, vous ne risquez pas de perdre davantage que la prime initialement payée puisqu'il s'agit d'une faculté d'exercice de l'option et non d'une obligation d'acheter ou de vendre le sous-jacent.

Les warrants

Un warrant est un instrument financier qui donne à son détenteur le droit d’acheter (call warrant) ou de vendre (put warrant) un actif financier (le « sous­jacent ») à un prix (le « prix d’exercice ») et jusqu’à (ou à) une date d’échéance (maturité) fixés à l’avance. Financièrement, le principe est identique à une option ou, dans le cas d’un call, à un bon de souscription d’actions. Le sous-­jacent d’un warrant peut être une action, un indice, une devise, une matière première ou un taux d’intérêt et son prix d’exercice correspond au prix auquel le sous-­jacent peut être acheté ou vendu à la date d’échéance du warrant qui peut être de quelques mois ou de quelques années. En achetant un warrant, on tente d'anticiper également le sens de l’évolution du cours de l’actif sous-­jacent. Un call permet de se positionner à la hausse du cours du sous­jacent, et un put à la baisse.

Le prix du warrant (prime) évolue en fonction de sa durée de vie, de son prix d’exercice, du cours du sous-jacent, des dividendes attendus, de la volatilité et des taux d’intérêt. Son coût peut être très faible mais les fluctuations peuvent être très importantes par l’effet de levier. Ils sont émis par des établissements financiers qui assurent eux-­mêmes la tenue de marché par l’encadrement des cours et la liquidité du carnet d’ordres selon des règles définies Euronext.

L’investisseur bénéficie d’un fort effet de levier avec des pertes ou ds gains potentiels démultipliés mais une perte maximale qui est toutefois limitée au montant de la somme investie et avec le temps qui va jouer contre la valeur du warrant, la valeur diminue au fur et à mesure que l’échéance s’approche avec un warrant de courte durée beaucoup plus sensible au temps qu'un warrant de longue durée. Quant à la volatilité, elle représente l’amplitude passée (volatilité historique) ou anticipée (volatilité implicite) avec laquelle les cours de l’actif sous­-jacent évoluent à la hausse comme à la baisse. Plus cette volatilité est grande, plus la prime du warrant sera élevée car il existe alors une probabilité plus grande que le prix d’exercice soit atteint.

Pour acheter un warrant, un compte-titres ordinaire suffit et les échanges se font sur une plage horaire plus importante que les actions, de 08h à 22h, et peuvent être achetés puis revendus avant leur date d’échéance autant de fois que souhaité.

Les Turbos

Les Turbos permettent de se positionner sur l’évolution du cours d’un actif financier appelé le sous-­jacent (une action, un indice boursier, une matière première, une devise,…), sans avoir à détenir cet actif. Vous porterez votre dévolu sur un Turbo call si vous pensez que le sous-­jacent va monter, ce qui permettra d'’acheter plus tard au prix déterminé (strike) le sous-jacent ou, à l'inverse, un Turbo put permettant de vendre le sous-­jacent du Turbo au prix déterminé à l’avance.

La caractéristique essentielle du Turbo est la barrière désactivante (knock out) ou « seuil de sécurité » qui fait que lorsque le sous-jacent atteint ce seuil, le Turbo est immédiatement « désactivé », c’est­-à-­dire qu’il est radié de la cotation et ne peut plus être échangé. Dans le cas des Turbos « classiques », il perd alors toute valeur et dans le cas de certains « Turbos Infinis / Illimités », il est remboursé à sa valeur résiduelle, différence entre la barrière désactivante et le prix d’exercice (ajustée de la parité et d’un éventuel taux de change). Cette valeur est souvent nulle ou très faible, le seuil étant souvent égal ou proche du prix d’exercice.

Les Turbos "classiques" ont une durée de vie fixée à l’avance alors que les Turbos Infinis / Illimités n’ont pas de date d’échéance, ils ont une durée de vie infinie.

Les Turbos comportent aussi des risques importants en raison de l’effet de levier car il est difficile de prévoir l’évolution d’un actif sous-­jacent. Si son évolution ne se fait pas dans le sens anticipé, le risque est de perdre toute la mise de départ car le Turbo amplifie les variations du sous­jacent et il peut aussi y avoir des décalages entre le moment où vous passez l'ordre et le moment où il est exécuté. En quelques secondes, le cours du sous-­jacent peut aller dans le sens inverse à celui envisagé et si le cours du sous-­jacent atteint la barrière désactivante du Turbo, sa valeur est proche de zéro.

Les Turbos sont émis par les établissements financiers et sont pas cotés selon l’offre et la demande mais par un « teneur de marché » dont la mission est d’assurer l’encadrement des cours et la liquidité du carnet d’ordres selon des règles définies par Euronext. Le prix du Turbo se calcule en faisant la différence entre le cours du sous-­jacent et le prix d’exercice du Turbo (fixé par l’établissement émetteur, ajusté de la parité et éventuellement du taux de change entre la devise du sous-­jacent et l’euro) et y ajoutant une prime de risque calculée par l’émetteur. Les Turbos s’échangent aussi sur une plage horaire plus importante que les actions, de 8h à 22h.

Acheter et vendre des Turbos permet de ne débourser qu’une partie de la valeur de l’actif sous-­jacent mais l’émetteur finance le reste et vous le répercute ainsi que la « fourchette de prix », outre les frais comme pour tout autre ordre.