Internet : Amende record pour Google

Margrethe Vestager. Photo CE.
Margrethe Vestager. Photo CE.

La Commission européenne a infligé mardi une amende record de 2,42 milliards d’euros au géant américain Google pour « abus de position dominante ».

Cette pénalité pulvérise le précédent record de 1,06 milliard d’euros détenu par un autre géant américain, Intel, le spécialiste des puces informatiques, qui avait écopé de la part de l’exécutif bruxellois, en 2009, de l’amende la plus importante jamais prononcée jusqu’alors en matière d'abus de position dominante.

La Commission reproche au moteur internet — qui détient une part de marché supérieure à 90 % dans presque tous les pays européens — d'avoir abusé de sa position dominante dans la recherche en ligne en favorisant son comparateur de prix « Google Shopping ». « L'amende a été calculée sur la base de la valeur des recettes que Google réalise grâce à son service de comparaison de prix dans 13  pays européens où Google Shopping est déployé », a indiqué la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager qui souligne, au terme d’une enquête qui a duré sept années, que ce que a fait Google « est illégal au regard des règles de concurrence de l'Union européenne [en empêchant] les autres sociétés de livrer concurrence sur la base de leurs mérites, et d'innover » et cela a privé les consommateurs européens de « bénéficier d'un réel choix de services, et de tirer pleinement profit de l'innovation ».

Google a aussitôt réagi et a fait part de son « désaccord » avec cette décision de la Commission qu’il envisage de soumettre à la censure du Tribunal de l’Union basé à Luxembourg. Cette punition survient moins d'un an après celle, de 13 milliards d’euros, sanctionnant Apple, un autre géant américain qui aurait, lui, bénéficié d' « avantages fiscaux » particulièrement avantageux accordés par l'Irlande.

Google est par ailleurs sommé de mettre fin à ses pratiques jugées anti-concurrentielles sous 90 jours sous peine d’une « astreinte pouvant atteindre 5 % du chiffre d'affaires journalier moyen réalisé au niveau mondial par Alphabet, la maison-mère de Google ». L’affaire remonte à 2010, après que des plaintes aient été déposées par des rivaux de Google, tels l'américain TripAdvisor ou le comparateur de prix français Twenga.

La Commission avait adressé à Google, au mois d’avril 2015, une « communication des griefs » qu’elle avait développé en juillet 2016. À chaque fois, Google s’est défendu en affirmant que Google Shopping était surtout un service d'annonces publicitaires et que les consommateurs, quand ils veulent faire des achats, passent surtout par le service de vente en ligne de l'américain Amazon qui représente, selon Google, la moitié des recherches d'achat sur le marché européen.

D’autres services de Google, tels Google Images, Google News, Google AdSense ou son système d’exploitation Android, sont également dans le collimateur de Bruxelles et pourraient aussi déboucher sur des sanctions.