Internet : Condamné pour injure, Maître Eolas ferme son compte Twitter

L'avocat-blogueur Maître Eolas a fermé son compte Twitter après sa condamnation mardi à Nanterre à 2 000 euros d'amende avec sursis et 5 000 euros de dommages et intérêts pour avoir diffamé et injurié l'Institut pour la justice (IPJ), association qui prône le durcissement de la politique pénale.
L'avocat de 44 ans, absent à la lecture du délibéré, l'est désormais aussi sur Twitter, où il a fermé son compte dans la foulée de sa condamnation. L'une de ses avocates présentes au tribunal correctionnel de Nanterre a précisé qu'il ne ferait « pas de commentaire ».
Ce pénaliste du barreau de Paris, qui tient à son anonymat, avait mis en cause en novembre 2011 sur son compte Twitter la sincérité d'une pétition en ligne de l'IPJ réclamant notamment « l'impunité zéro pour les atteintes aux personnes et aux biens ». Le succès énorme de ce « Pacte 2012 pour la justice », qui avait recueilli 1,7 million de signatures, aurait été dû à un « compteur bidon de signatures », avait alors affirmé @Maitre_Eolas dans un tweet.
Répondant à un internaute, il s'en était pris aussi à l'IPJ, une de ses cibles favorites qu'il accuse de développer des « thèses sécuritaires », en tweetant notamment : « Je me torcherais bien avec l'Institut pour la justice si je n'avais pas peur de salir mon caca [sic] ». Piqué au vif, l'IPJ avait attaqué l'avocat mystère aux 186 000 « followers », célèbre pour son humour caustique et son blog de référence sur la vulgarisation de la justice.
Dans son jugement, la chambre de la presse du tribunal a estimé, concernant la partie « diffamation », que « l'association des termes "compteur bidon" et "manipulation" prêtait une volonté de truquer et de mentir à l'IPJ », a rapporté la défense de Maître Eolas. Concernant l' « injure publique », Maître Eolas a été partiellement condamné pour ses « propos scatologiques » tenus sur Twitter, en l'absence d' « éléments probants pour faire valoir l'excuse de provocation », a ajouté sa défense. Les juges ont écarté des propos sur le Pacte 2012 pour la justice, qu'il avait qualifié de « bouse à ignorer », sans qu'il ne soit possible de déterminer leur existence réelle sur Twitter.