Internet : Des plateformes se substituent aux banques pour financer les petites entreprises

Les taux sont historiquement bas depuis plusieurs années. L’Allemagne, la Belgique et la France empruntent à deux ans à des taux négatifs : à 0,341 %, 0,322 % et 0,304 % respectivement, ce qui veut dire, par exemple, que lorsque la France emprunte dix milliards pour une durée de deux ans à ce taux de 0,304 %, c’est la collectivité des prêteurs qui doit lui payer 30,4 millions d’euros d’intérêts à l’échéance du prêt. Si pour emprunter à cinq ans, la France paie un intérêt de 0,047 %, les taux allemands et belges sont également négatifs pour cette période : 0,138 % et 0,006 % respectivement.
À court terme, le taux de dépôt au jour le jour auprès de la Banque centrale européenne (BCE) est négatif depuis le 11 juin 2014 et a franchi un cran supplémentaire, il y a trois semaines, le 9 décembre 2015, à -0,30 % contre -0,20 % depuis le 10 septembre 2014. Entre banques, l’Euribor (Euro interbank offered rate), qui est le taux de référence du marché monétaire de la zone euro, est également négatif à 0,041 % pour des dépôts à six mois et à 0,241 % pour l’overnight.
Cette stratégie de la BCE d’une baisse supplémentaire de 0,10 % pour inciter les banques commerciales à prêter davantage et plus facilement aux entreprises au lieu de laisser dormir leurs liquidités qui sont rognées par des taux d’intérêts négatifs ne semblent pourtant guère porter les fruits escomptés.
Les entrepreneurs et les petites entreprises voire les moyennes et grandes ont toujours autant de difficultés pour emprunter sans que le dirigeant se porte caution solidaire ou accepte de nantir des valeurs mobilières ou autres biens pour un montant supérieur à celui dont a besoin l’entreprise pour investir ou pour financer le poste « clients ».
C’est ainsi que prospèrent sur internet depuis un an ou deux, à la satisfaction des particuliers qui veulent un peu plus que le 0,75 % annuel pour leurs économies, une dizaine de plateformes de prêt aux microentreprises à des taux oscillant entre 4 et 12 % et on y trouve même des cabinets d’avocats alors que les Carpa (Caisse de règlements pécuniaires des avocats), telle celle de Paris avec BNP Paribas, ont noué des relations privilégiées avec les banques censées offrir de très bonnes conditions aux avocats en échange des milliards qu'elles ont quasi pour rien voire à des taux négatifs.
Début juillet dernier, c’est un cabinet montpelliérain qui a emprunté 100 000 euros pour 36 mois à 9,60 % sur la plateforme Unilend pour « réduire ses frais bancaires liés aux délais de paiement longs de ses clients […] les créances auprès des particuliers ne peuvent être mobilisées et induisent une forte utilisation des facilités de caisse, ainsi que des frais récurrents. Cela permettra à la société d’économiser des frais importants sur la tenue de ses comptes », justifie la gérante de la Selàrl Warocquier dans son appel à la communauté des prêteurs d’Unilend.
Aujourd’hui, sur Finsquare, se termine, à 21 heures, l’appel d’un ancien avoué parisien devenu avocat depuis la fusion des deux professions en 2012, Me Bernabé, pour un montant de 45 000 euros sur 24 mois pour « réaliser des travaux de rénovation […] de deux nouveaux bureaux supplémentaires [qui seront] disponibles à la sous-location […] ». À 17h50, le taux, selon la méthode des enchères inversées, pointait à 8,52 %.
Sollicités tous deux par LexTimes.fr quant à leur présence sur ces plateformes à ces taux relativement élevés, ni l’un ni l’autre n’a voulu faire de commentaires. D’autres avocats sondés évoquent les garanties et cautions exigées par les banques et les frais supplémentaires « par derrière » qui renchérissent le coût d’un crédit ou d’un découvert bancaire. Certains s'interrogent sur le rôle que devraient essayer de remplir les Carpa dans le cadre du financement des cabinets qui peinent à se financer à des taux raisonnables à un moment où les taux sont négatifs.