Investissements atypiques : L’étau se resserre autour du patron d’Aristophil

Siège de la société Aristophil, au musée des lettres et manuscrits à Paris. Photo Jon Helland pour LexTimes.fr.

L’activité de la société Aristophil n’entre pas dans le champ de compétence de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et elle n’a dès lors « ni agréé, ni visé, ni enregistré des produits de cette société », tient à préciser le régulateur financier dans un communiqué diffusé hier à la suite d’un communiqué et d’une interview du dirigeant de la société affirmant le contraire.

Ayant fait l’objet de perquisitions par les enquêteurs de la brigade financière à son siège au Musée des lettres et manuscrits et au domicile de son principal dirigeant, Gérard Lhéritier, la société Aristophil, spécialisée dans l’investissement de lettres et manuscrits anciens, a en effet diffusé le 20 novembre un communiqué indiquant que « son activité [était] validée par l’Autorité des marchés financiers ».

Dans une interview accordée à nicematin.com, M. Gérard Lhéritier réitérait, quatre jours plus tard, des propos similaires en déclarant : « tous nos produits ont régulièrement été soumis à l’AMF et ils ont toujours obtenu le feu vert », d’où la mise au point sèche de l’AMF précisant qu’elle ne valide « en aucune façon l’activité de la société Aristophil » qui n’entre pas dans « son champ de compétence » mais il lui arrive d’alerter « régulièrement les investisseurs des risques des placements dits atypiques, et notamment les lettres et manuscrits, qui ne sont pas soumis à la réglementation protectrice des instruments financiers ».

Et de fait, Aristophil n’est pas inconnue de l’AMF puisque, en octobre 2007, elle avait mis en garde les investisseurs potentiels contre les promesses de cette société faisant miroiter un retour annuel net sur investissement de 8 % sans risque, soit 40 % pendant la durée de garde de cinq ans conseillée mais le régulateur avait dû faire marche arrière et « dépublier » son communiqué d’alerte à la demande des avocats de la société qui avait fait valoir que celle-ci ne faisait pas directement appel à l’épargne publique.

La société Aristophil – qui intéresse pourtant la police belge depuis 2012 pour des faits présumés d’escroquerie et de blanchiment – prospère en France depuis plusieurs années sur cette niche des lettres et manuscrits même si l’association Que Choisir a mis en garde contre ces « étranges investissements » dès mars 2011 qui laissent supposer un montage Ponzi « où l’argent des nouveaux investisseurs finance les gains des investisseurs plus anciens ».

Le modèle inventé par Gérard Lhéritier consiste en effet à vendre, par acte notarié, à des investisseurs des collections de lettres et manuscrits en indivision comprenant également un contrat de gardiennage et de conservation durant cinq ans au terme duquel les parts peuvent être rachetées par Aristophil à un prix majoré de 8 % par an. Dans l’interview accordée à nicematin.com, M. Lhéritier explique que ses déboires en France ont commencé en février dernier lorsqu’il a vu « débouler » deux agents de la DCCRF et croit savoir que la répression des fraudes a été saisie par le ministère de la culture avec qui il est en guerre depuis qu’il a racheté les lettres manuscrites du général de Gaulle que les Archives nationales convoitaient également...