Justice : Après Bobigny, c'est Créteil qui tire la sonnette d'alarme

Tribunal de grande instance de Créteil.

Une justice « à bout de souffle », incapable « d'assurer correctement ses missions » : les magistrats du tribunal de Créteil dénoncent dans une motion un manque d'effectifs et regrettent « l'extrême pénurie des moyens alloués » à la justice dans le département du Val-de-Marne.

À compter du 1er janvier, le tribunal devrait voir ses effectifs chuter de près de 23 % chez les juges et 12,5 % chez les procureurs, détaillent les deux principaux syndicats, le Syndicat de la magistrature (SM) et de l'Union syndicale des magistrats (USM). Conséquences de ce manque d'effectifs : des dossiers d'instruction laissés au point mort pendant des mois, des délais d'audiencement excessifs et en 2016, plusieurs dizaines d'audiences pénales et civiles qui risqueraient d'être supprimées chaque mois.

« Ce manque dramatique de magistrats constitue, dans un contexte d'importante crise sociale, économique et politique, un réel danger pour les justiciables du Val-de-Marne », écrivent les syndicats. « Aux nombreuses difficultés concentrées sur ce territoire s'ajoute donc le handicap d'une justice à bout de souffle, placée dans l'incapacité d'accomplir correctement ses missions en dépit du dévouement quotidien de ses professionnels », ajoutent-ils.

« On n'en peut plus, c'est vraiment catastrophique. Les besoins de Créteil sont sous-estimés depuis longtemps », explique Matthieu Bonduelle, délégué régional du Syndicat de la magistrature. « La situation se dégrade, on fait partir des gens et on ne les remplace pas ». Les magistrats relèvent également des problèmes de répartition des moyens entre les différentes juridictions d'Île-de-France. « Beaucoup d'arbitrages sont très favorables à Paris. Il n'est plus possible de donner tous les moyens à Paris », au détriment du « justiciable qui habite du mauvais côté du périph », ajoute-t-il.

Début décembre, les magistrats du tribunal de Bobigny, qui devrait voir en 2016 ses effectifs fondre de 25 % chez les juges et de 8 % chez les procureurs, avaient également tiré la sonnette d'alarme sur leurs conditions de travail. Dans leur motion, les magistrats de Créteil « expriment leur solidarité » envers leurs collègues de Bobigny et s'associent à leur décision d'organiser des journées d'action et de mobilisation collectives.