Justice : Les regrets de François Hollande jugés insuffisants

Après la déflagration d'hier à la suite de propos outranciers sur l'institution judiciaire, le ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas a remis ce matin aux présidents et procureurs des tribunaux et cours d'appel un courrier du président de la République François Hollande leur signifiant qu'il regrette « profondément » ce qui a été « ressenti comme une blessure ».
« Une institution de lâcheté [...] C’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n’aime pas le politique », avait confié le président Hollande à deux journalistes du quotidien le Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, et que l'on a découvert mercredi dans un livre publié sous le titre « "Un président ne devrait pas dire ça…" Les secrets d’un quinquennat » (Stock, oct. 2016, 450 p. 24,50 €).
Toutes affaires cessantes, le garde des sceaux indique, dans un communiqué, avoir « souhaité » recevoir ce matin tous les représentants des conférences des présidents des tribunaux de grande instance et des premiers présidents des cours d'appel ainsi que les procureurs et procureurs généraux pour leur remettre un courrier du chef de l'État dans lequel il leur fait part de ses « profonds regrets sur ce qui a été ressenti comme une blessure par les magistrats ». M. Urvoas a également reçu, à sa demande, la présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), Virginie Duval, qu'il a gratifié de la même lettre-standard avec toutefois une mention manuscrite affectueuse « Bien à vous, ».
Des regrets jugés insuffisants, le syndicat réclame que les propos soient infirmés ou retirés et estime que cette lettre « doit être suivi[e] de gestes d'apaisement, de nature à redonner du crédit à la parole du garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire ».