Justice : Soutien de magistrats aux avocats en grève

Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) a apporté mardi son soutien au mouvement de grève des avocats contre le projet de financement de l'aide juridictionnelle de Christiane Taubira et appelé à « une refonte ambitieuse » du système.

Cette grève, votée jeudi par le Conseil national des barreaux représentant les avocats de France, est entrée en vigueur ce mardi sur tout le territoire. Les avocats refusent de contribuer directement au financement de l'aide juridictionnelle (AJ), qui permet aux plus démunis d'accéder à la justice, arguant qu'ils participent déjà largement à son fonctionnement pour lequel ils estiment être mal rémunérés.

« L'indemnisation des avocats au titre de l'AJ, qui n'a pas augmenté depuis 2007, est revalorisée en trompe-l'œil », souligne le Syndicat de la magistrature dans un communiqué. « L'unité de valeur (UV), base de calcul de la rémunération des avocats, progresse péniblement de 1,36 euro. Mais la rémunération globale de très nombreuses prestations est considérablement réduite dans de nombreux contentieux [le nombre d'UV, correspondant chacune à une demi-heure de travail, a en effet été revu à la baisse pour certaines prestations, ndlr] », fait-il valoir. Ainsi, selon le syndicat, un avocat travaillant sur un référé locatif verra sa rémunération baisser de 62,5 %, de 26 % en moyenne dans une procédure prud'homale et de 13,3 % dans un dossier d'affaires familiales.

Pour le syndicat, la réforme, qui prévoit également une augmentation du plafond d'accès du justiciable à l'AJ de 941 à 1 000 euros, ne suffit pas à garantir « un accès égal à la justice pour tous les citoyens », lequel, dit-il, « implique le droit pour chacun d'être assisté par un avocat dans des conditions de rémunération acceptables ».

La chancellerie fait valoir que son projet prévoit une augmentation du budget de l'AJ, actuellement de 375 millions d'euros pour plus de 900 000 bénéficiaires, à 405 millions en 2016 et 445 millions en 2017. La rétribution des avocats est, elle, revalorisée avec une UV de base portée de 22,50 à 24,20 euros et le nouveau plafond doit permettre à 100 000 personnes supplémentaires de bénéficier du système.