La marche des pourquoi : Une écrivaine-tarologue pose 11 questions à la justice

Pour avoir les réponses « aux questions que tout justiciable est en droit de poser », Corinne Morel, tarologue, écrivain et formatrice, s’est lancée dans une « marche des pourquoi »qui doit la conduire, du 15 au 25 avril 2013, en 11 étapes et 11 questions, de Lyon à Paris, devant la cour de cassation.
À l’origine de cette démarche un peu singulière qui devrait donc la conduire de Lyon au quai de l’Horloge à Paris en passant par Mâcon, Chalon-sur-Saône, Dijon, Auxerre, Troyes et Évry, deux procès que Mme Morel, 49 ans, avait gagnés en première instance mais perdus en appel et devant la cour de cassation, l’un a d’ores et déjà fait l’objet d’une non-admission et l’autre se présenterait plutôt mal.
Estimant ne pas avoir bénéficié d’un tribunal indépendant et impartial ni avoir pu se défendre librement, Corinne Morel explique avoir décidé d’organiser cette « marche des pourquoi » pour poser chaque jour, du 15 au 25 avril, une question à la justice car elle s'estime victime d’huissiers, d’avoués, d’avocats et de juges qui ne l’ont pas entendue. « Je suis allée en justice pour défendre mes droits et l’enfer s’est ouvert sous mes pieds », écrit-elle sur son blogaunomdupeuple.com.
Dans la première affaire dont le pourvoi n’a pas été admis, Mme Morel avait fait assigner devant le juge des référés de Marseille Éric Ruffiat, qui exerce sous l’enseigne Institut freudien de psychanalyse de Nîmes et préside la Fédération freudienne de psychanalyse, ainsi que les dirigeants d’une dizaine d’autres instituts freudiens de psychanalyse à qui elle reprochait d’avoir plagié son ouvrage « l’ABC de la psychologie et de la psychanalyse » en reprenant, dans le cadre des cours qui sont dispensés dans les instituts freudiens et dans l’ouvrage « la Métapsychologie » dont M. Ruffiat est l'auteur, sa méthode d’appréhension de la psychanalyse et des passages entiers de son livre.
Elle avait obtenu une somme provisionnelle de 15 000 euros à valoir sur « la réparation de son trouble » devant le premier juge mais sur appel des défendeurs, la cour d’Aix-en-Provence1 avait réformé la décision et dit n’y avoir lieu à référé aux motifs notamment qu’il y avait une contestation sérieuse sur le contenu même des cours dispensés par les instituts freudiens et que« l’appréciation de l’originalité du plan de l’ouvrage [qui] aurait été intégralement et servilement repris […] relève du seul juge du fond » pour retenir que« l’existence d’un trouble manifestement illicite » n’était pas rapportée.
Dans la seconde affaire encore pendante devant la cour de cassation, Mme Morel avait fait assigner son éditeur, les Presses du Châtelet, devant le tribunal de Paris pour que soit constatée la nullité ou la résiliation de trois contrats du fait que « les redditions de compte étaient incohérentes voire manifestement erronées ». Les premiers juges l’avaient suivie et avaient annulé certaines clauses litigieuses de deux des trois contrats — l’action dirigée contre le troisième contrat datant du 15 mai 2001 étant jugée prescrite — et lui avaient accordé la somme de 10 000 euros à titre de dommages-intérêts.
Revendiquant plus de dix fois plus, Mme Morel a interjeté appel et mal lui en pris, la cour de Paris2 la déboute de toutes ses demandes aux motifs que les clauses litigieuses « ne sont pas critiquables » et ne portent « aucune atteinte aux dispositions impératives gouvernant la rémunération de l’auteur » d’une part, et, d’autre part, « le grief tiré du manquement par l’éditeur à l’obligation de reddition et de justification des comptes n’est pas fondé ».
« Après avoir assuré pendant plusieurs années des consultations divinatoires en tant que tarologue, elle décide de s’orienter, en 1989, vers l’enseignement de la tarologie, de la psychologie et de la numérologie », peut-on lire sur l’article publicitaire qui lui est consacré sur l’encyclopédie participative Wikipedia, dommage qu’elle n’ait rien vu venir.
Et n’ayant rien vu venir, Corinne Morel attend des réponses à ses 11 questions dont les quatre premières sont : « pourquoi la loi n’est-elle pas la même pour tous ? », « pourquoi le garde des sceaux ne fait-il pas son travail ? », « pourquoi le juge peut-il mentir ? » et « pourquoi le juge peut-il, sans avoir à s’en expliquer, écarter certaines pièces ? ».
► Droit de réponse de Corinne Morel, 20 avr. 2013.