Macron : Cinq ans pour (re)construire la France et l’Europe

Emmanuel Macron, 8e président de la Ve République. Capture d'écran Jon Helland/LexTimes.
Emmanuel Macron, 8e président de la Ve République. Capture d'écran Jon Helland/LexTimes.

Emmanuel Macron a été élu hier soir huitième président de la Ve République avec 66,1 % des suffrages exprimés contre 33,9 % pour son adversaire Marine Le Pen qui signe malgré tout avec plus de 10 millions de voix le plus haut score pour le parti xénophobe d’extrême droite, selon les chiffres définitifs du ministère de l’intérieur.

35 467 172 (74,56 % contre 77,77 % au premier tour) des 47 568 588 électeurs inscrits ont voté à l’occasion de ce second tour et 12 101 416 se sont abstenus (25,44 %), soit près d’un million et demi d’abstentionnistes de plus que lors du premier tour. Sur les 35,47 millions de votants, 3 019 724 (8,51 % et 6,35 % des inscrits, contre 1,78 % et 1,39 % au premier tour) ont glissé un vote blanc dans l’urne et 1 049 532 (2,96 % et 2,21 % des inscrits, contre 0,78 % et 0,61 % au premier tour) un vote nul, ce qui réduit le nombre de votes exprimés à 31 397 916 (88,53 % et 66,01 des inscrits, contre 97,43 % et 75,77 % au premier tour). Emmanuel Macron en recueille 20 703 694 (66,1 % et 43,63 % des inscrits) et Marine Le Pen 10 637 120 (33,9 % et 22,38 % des inscrits), un gain de 3 millions de voix par rapport au premier tour pour la candidate frontiste et de 12 millions de voix pour le candidat centriste malgré un front républicain qui n’a pas été à la hauteur ni au rendez-vous.

Diplômé de l’ENA (École nationale d’administration, 2004), Emmanuel Macron, 39 ans, a été inspecteur des finances avant de rejoindre la prestigieuse banque d’affaires Rothschild & Cie en 2008 qu’il quittera pour un poste, nettement moins bien payé, de secrétaire général adjoint à l’Élysée (2012-2014) et ensuite Bercy (2014-2016) en tant que ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique. Il sera le plus jeune président de la République française, devant Louis-Napoléon Bonaparte qui avait été élu, à 40 ans, président de l’éphémère seconde République (1848-1852) et sera également le plus jeune membre du G20.

Encarté au parti socialiste (PS) de 2006 à 2009, le jeune président élu a fondé son mouvement En Marche !, qu’il n’a voulu positionné ni à gauche ni à droite mais avec une indéniable touche européenne très marquée, il y a à peine un an, le 6 avril 2016, alors qu’il était encore à Bercy et n’a démissionné de ses fonctions ministérielles que le 30 août 2016 pour se consacrer à sa marche vers l’Élysée. Personne n’y croyait mais il l’a fait et il faut saluer l’exploit qui relève de l'impossible.

Très belle victoire qui est incontestablement due à son talent et peut-être à la promesse de faire de la politique ensemble autrement mais aussi, assurément, aux astres bénéfiques et aux primaires LR et PS qui ont abouti, pour des raisons tout-à-fait différentes et involontaires, à l’élimination des deux grands partis de gouvernement du second tour de cette élection présidentielle 2017.

Mais cette première victoire ne sera rien sans une seconde belle victoire ou, à tout le moins, une majorité relative lors des élections législatives qui auront lieu dans moins de cinq semaines pour que le gouvernement du jeune président élu puisse mettre en œuvre l’essentiel des réformes promises mais nul doute que, par intérêt personnel voire pour l’intérêt général, les modérés LR et les progressistes PS ne rechigneront pas à lui apporter le coup de pouce dont il pourrait avoir besoin ici ou là pour que la France bascule pleinement dans le XXIe siècle et apporte sa pierre à l’édifice européen.

Largement anticipée, à l'inverse d'il y a deux semaines, cette victoire laisse de marbre la bourse de Paris qui, stable à l'ouverture, est même en baisse de 0,83 % à 5387,37 points en fin de matinée.