Migrants mineurs : Le Défenseur des droits dénonce le placement en CRA et interpelle le gouvernement

Centre de rétention administrative du Mesnil Amelot
Centre de rétention administrative du Mesnil Amelot

Pour la seconde en moins de quinze jours, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dit avoir écrit hier au premier ministre Édouard Philippe pour l’alerter une nouvelle fois sur la « situation inacceptable » de très jeunes enfants. Dans la nuit du 6 au 7 mars, au moins dix enfants (un nourrisson d’un mois, un autre de quatre mois, une fratrie de trois enfants de 3 mois, 3 et 6 ans et une fratrie de cinq enfants de 7, 9, 11, 16 et 17 ans) se trouvaient en effet enfermés dans le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot.

La présidente du comité des droits de l’enfant des Nations Unies, Renate WINTER, a récemment invité les États membres de l’Union européenne signataires de la Convention internationale des droits de l’enfant, rappelle le communiqué, à proscrire « la détention des enfants migrants, même en dernier recours ». Pourtant, depuis le 1er janvier de cette année, ce sont pas moins de 40 enfants — sans compter les enfants retenus à Mayotte — qui ont connu la douloureuse expérience de l’enfermement. L’année dernière, en 2017, la France a enfermé, pour la seule métropole, 275 enfants dont de nombreux nourrissons, soit presque autant que durant les années 2012 à 2015 réunies.

La place d’un enfant, rappelle le Défenseur des droits comme il l’avait fait dans une décision du 8 février dernier, n’est pas dans un lieu d’enfermement, même organisé pour « accueillir » des familles, et ce quel que soit le comportement de ses parents ou leur situation administrative. L’impérieuse nécessité de protéger en toute hypothèse les droits et l’intérêt supérieur des enfants ne peut, souligne M. Toubon, « en aucun cas s’effacer devant des considérations liées aux choix de la politique migratoire ».

Le Défenseur des droits demande donc fermement au gouvernement quelles suites il entend donner à sa demande d’interdire, en toutes circonstances, le placement de familles avec enfants en centre de rétention administrative.