Migrants : Une avocate se dit « auxiliaire de non-justice »

Camp de Norrent-Fontes.
Camp de Norrent-Fontes.

Julie Bonnier, une avocate d’Évry (Essonne) disant défendre les 79 exilés parqués dans un camp de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais) depuis 2008, se dit « auxiliaire de non-justice », dans une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron, à la suite de leur expulsion lundi manu militari malgré un arrêt du 6 avril 2017 de la cour d’appel de Douai confirmant une ordonnance du 12 octobre 2016 du tribunal de Béthune rejetant la demande d’expulsion du maire.

L’avocate, membre du Syndicat des avocats de France (SAF, gauche), est vent debout contre le maire de Norrent-Fontes, Betrand Cocq, qui ne s’est pas pourvu en cassation contre l’arrêt irrévocable de la cour de Douai d’avril 2017 mais qui, « au petit matin [du] samedi 16 septembre [2017] », a fait afficher par la gendarmerie « un arrêté prononçant l’expulsion des occupants du camp […] » et leur laissant « 48 heures à compter de cette publication sous forme d’affichage » pour tout délai.

« Nous nous sommes mobilisés en urgence malgré le week-end », explique Me Bonnier qui assure avoir déposé, le jour même, samedi à 19h30, un recours en référé suspension après du tribunal administratif de Lille pour « faire valoir les droits fondamentaux des exilés » et avoir faxé ce « recours en urgence à l’ensemble des préfectures et sous-préfectures de la région afin que le concours de la force publique ne [lui] soit pas prêté dès lundi ». L’évacuation a malgré tout débuté dans la matinée de lundi bien que le recours en suspension ait été enregistré au greffe au même moment.

Le maire nous a donné 48 heures pour agir alors que les tribunaux sont fermés durant le week-end, les préfets ne lisent pas les fax urgents et le recours n’est pas suspensif, se plaint l’auxiliaire de « non-justice » qui ne peut assurer « aucune défense » et qui n’a plus pour seul recours que le magistrat suprême, le chef de l'État, à qui elle demande d’entendre son appel « au respect du droit à un procès équitable » prévu par l’article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Un appel appuyé par le SAF qui apporte « tout son soutien à Me Julie Bonnier dans son combat pour faire reconnaître le droit de défendre […] ». Pas sûr que le cri soit suffisamment fort ou digne d'intérêt pour être entendu. Sollicité par LexTimes, M. Cocq n'a ni réagi ni fait de commentaires.