Monopoles et privilèges : Montebourg suscite étonnement et émoi chez les avocats

Les avocats sont « étonnés » et même « émus » d'avoir été rangés hier parmi les 37 professions « protégées par un monopole » par le ministre de l'économie et du redressement productif Arnaud Montebourg à l'occasion de la présentation de sa « feuille de route pour le redressement économique de la France ».
Le Conseil National des Barreaux (CNB) s’étonne que la profession d’avocat soit citée par le ministre parmi celles « protégées par un monopole » au moment même où les avocats essaient de trouver « une solution à la situation inadmissible dans laquelle les place leur activité au titre de l’aide juridictionnelle ». Le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur annonce, lui, qu'il rencontrera le ministre mercredi prochain pour faire part de « l'émotion suscitée [...] par ses déclarations ».
La profession d’avocat est largement ouverte à la concurrence, explique le CNB qui ne comprend pas que voulant « lutter contre les monopoles et les privilèges, afin de redistribuer du pouvoir d’achat aux Français », M. Montebourg mette la profession parmi celles « protégées par un monopole, qui captent par leur position des revenus à la population pour des services payés trop chers » alors que la rétribution au titre de l'aide juridictionnelle est « très insuffisante au regard du travail fourni et des charges de fonctionnement des cabinets ».
Le président du CNB Jean-Marie Burguburu entend rappeler que la profession d’avocat ne dispose d’aucun monopole, hormis celui de représenter, d’assister et de défendre les justiciables, devant certaines juridictions. Et en matière de consultation juridique et de rédaction d’actes, poursuit-il, d’autres professionnels sont habilités par la loi à intervenir soit à titre principal, soit à titre accessoire d’une activité non juridique.
Contrairement à d'autres professions juridiques réglementées (notaires, huissiers, greffiers des tribunaux de commerce,...) dont les honoraires sont tarifés, les honoraires des avocats sont libres et la profession est largement ouverte à la concurrence par la transposition depuis plusieurs années des directives relatives à la libre prestation de services (1977), à la reconnaissance mutuelle des diplômes (1988) et à la liberté d’établissement (1998).
N'empêche qu'il y a quand même une petite piste pour redistribuer du pouvoir d'achat à nos concitoyens. À l'instar des avoués, la postulation renchérit inutilement le coût d'un procès et son maintien ne se justifie plus du tout à l'ère de la dématérialisation. De même pour les avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation qui jouissent effectivement d'un monopole exorbitant et fournissent un service hors de prix.