Politique : La mort programmée pour fin août du Rassemblement national

Dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires fictifs d’eurodéputés FN depuis 2009, les juges d’instruction Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke ont saisi jeudi dernier, à titre conservatoire, 2,04 des 2,5 millions d’euros d’aide publique que l’État devait verser ces jours-ci à l’ex-Front national (FN) devenu Rassemblement national (RN), ce qui pourrait le mettre en cessation de paiement dès la fin du mois d’août, selon sa présidente Marine Le Pen qui crie à l' « assassinat politique » et lance un appel aux dons « à tous ceux qui refusent que des juges militants puissent décider de la mise à mort d’une force politique ».
Les deux juges parisiens spécialisés du Pôle financier qui enquêtent sur cette affaire — dont le préjudice total estimé par le Parlement européen serait de près de 7 millions d’euros pour la période de 2009 à 2017 — ont procédé, selon une ordonnance rendue le 28 juin dernier, à une saisie pénale conservatoire « d’une somme de 2,04 millions d’euros destinée au Front national au titre de l’aide publique apportée aux partis politiques » sur la base des résultats des dernières élections législatives.
En confisquant notre dotation publique sans jugement sur cette pseudo affaire-des assistants, les juges d’instruction nous appliquent la peine de mort "à titre conservatoire".
La volonté d’assassiner le 1er parti d’opposition est un coup de force inédit contre la démocratie ! MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 8 juillet 2018
« La volonté d’assassiner le premier parti d’opposition est un coup de force inédit contre la démocratie ! », a tweeté hier la présidente du RN Marine Le Pen qui annonce son intention d’interjeter appel de cette décision, appel qui n’est toutefois pas suspensif et qui va entraver l’action du parti avec une mort programmée pour « la fin du mois d’août », assure-t-elle dans une lettre ouverte où elle évoque pêle-mêle une violation de la présomption d’innocence, une violation du texte ayant servi de fondement à la saisie conservatoire et une violation de proportionnalité.
La situation est néanmoins d’autant plus critique pour le parti d’extrême droite que le RN n’est pas du tout — loin s’en faut — courtisé par les banques qui rechignent à lui accorder le moindre centime de découvert, ce qui explique un appel aux dons sur un site dédié, alertedemocratie.fr, à « tous les Français » pour qu’ils fassent « un don de 5, 10, 20, 50 ou 100 euros » et « ne laisse[nt] pas la France entrer en dictature ! ».
On compte déjà dix personnes ou entités mises en examen dans cette affaire d’assistants parlementaires présumés fictifs d’eurodéputés FN, le FN lui-même en tant que personne morale et neuf assistants ou eurodéputés, dont Marine Le Pen elle-même, le député des Pyrénées orientales Louis Aliot, et l’eurodéputé Bruno Gollnisch.
Le Parlement européen a d’ores et déjà demandé à des élus RN de rembourser des sommes indûment versées pour ces assistants. Il réclame ainsi notamment 320 026 euros à Jean-Marie Le Pen, 275 984 euros à Bruno Gollnisch et… 298 497,87 euros à Marine Le Pen, selon une décision récente du Tribunal de l’Union européenne