Aller au contenu principal

Présidentielle 2017 : Les propositions de Macron pour bâtir une France nouvelle

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Emmanuel Macron, 2 mars 2017. Emmanuel Macron, 2 mars 2017.

Attendu depuis plusieurs semaines, le benjamin des candidats à l’élection présidentielle 2017, Emmanuel Macron, qui se dit ni de droite ni de gauche mais est à présent bien ancré au centre avec le soutien de François Bayrou, a dévoilé jeudi son « contrat avec la Nation » et son programme pour « retrouver notre esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle », le tout — richement illustré — fait à peine 30 pages.

Partant du constat que depuis plus de trente ans, « nous ne parvenons pas à régler le problème du chômage de masse ni celui de l’intégration », Emmanuel Macron, pro-européen, 39 ans, ancien banquier d’affaires et ancien collaborateur et ministre de François Hollande pendant quatre ans pour toute expérience politique, propose de bâtir avec les Français une France nouvelle en passant avec eux un « contrat de droits, de devoirs et de responsabilités » dont les six axes principaux sont l’éducation et la culture, la société du travail, la modernisation de l’économie, la sécurité de la Nation, le renouveau démocratique et la défense des intérêts du pays sur le plan international. Bien que souhaitée plus lisible, plus accessible et plus efficace, la Justice reste le parent pauvre du programme sans les moyens supplémentaires qui lui sont nécessaires.

On trouve dans le programme Macron deux pistes nouvelles mais l’ensemble reste dans la continuité de ce qui a déjà été tenté et fait au cours des dernières décennies et quelques propositions sont simplement anecdotiques, dérisoires voire même populistes. Le coût de l’ensemble, qui n’est pas chiffré, est a priori nettement supérieur au plan d’économies de 60 milliards d’euros envisagé, qui n’est pas davantage précisé, si ce n’est par la croissance espérée d’un plan quinquennal de 50 milliards d’euros destiné à la formation, la transition écologique, la révolution numérique, la modernisation du service public, la rénovation urbaine et la santé.

Au titre des nouveautés, l’assurance-chômage qui serait « ouverte à tous » et un système « universel » de retraite à un horizon de 10 ans qui mettrait sur les mêmes rails public et privé, régime général et régimes spéciaux. Deux vrais bouleversements de société qui nécessitent effectivement une adhésion des deux bords et de toutes les couches sociales. Mais deux idées qu’il ne sera sans doute pas aisé de mettre en œuvre et qui pourraient rester dans les tiroirs.

Création d’une assurance-chômage pour tous

La très grande majorité est couverte par une garantie collective et les autres sont soit sans couverture soit doivent se couvrir par une assurance individuelle onéreuse. Une assurance-chômage universelle « pilotée » par l’État serait mise en place pour tous les actifs, aussi bien les salariés que les artisans, commerçants, indépendants, entrepreneurs, professions libérales et agriculteurs, mais également les salariés démissionnaires pour permettre et faciliter les reconversions et le passage d’un statut à l’autre.

Pour ces derniers toutefois, il s’agirait toutefois d’un « droit rechargeable » tous les cinq ans et seraient soumis à un « contrôle accru » de Pôle emploi qui sanctionnerait les abus définis comme étant notamment une « recherche d’emploi insuffisante » ou un « refus de plus de deux emplois décents » plus ou moins compatibles avec la dernière qualification et le dernier salaire.

Un système universel de retraites

L’idée — intéressante — serait de mettre en place un système universel qui soit « juste, transparent et fiable » dans lequel chacun bénéficierait « exactement des mêmes droits », un projet qui resterait fondé sur la répartition mais qui est très ambitieux, doit-on reconnaître.

L’actuel système est « complexe », explique le candidat d’En Marche ! à l’Élysée. La retraite est calculée sur les appointements hors primes des six derniers mois pour un fonctionnaire alors qu’elle est calculée sur les 25 meilleures années pour un salarié du privé, sans parler du casse-tête et des difficultés pour ceux qui ont cotisé à plusieurs régimes. Le système est aussi « injuste » car un euro cotisé n’ouvre pas les mêmes droits selon le parcours, par exemple, 10 ans de chômage ou de difficultés en début ou en fin de carrière ne pénalisent pas de la même manière et les trimestres pour enfants accordés aux mères à carrière longue ne leur servent à rien alors qu’ils sont utiles pour celles qui ont poursuivi des études et sont entrées tardivement dans la vie active,…

Autant de différences qu’il serait envisager de gommer d’ici 2027. Dans le nouveau système, pour tous, agents du public, salariés du privé ou indépendants, qu’il s’agisse du régime de base ou du régime complémentaire, quel que soit le statut au début ou en fin de carrière, un euro cotisé ou acquis au titre de la solidarité (chômage, maladie,…) donnerait exactement les mêmes droits et serait « inscrit sur un compte individuel et revalorisé chaque année selon la croissance des salaires ».

Le changement dans la continuité

Pluie de mesures et mesurettes peu ou très coûteuses qui restent à chiffrer pour les bas revenus (réduction des charges salariales, exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, transformation du CICE en réduction pérenne pour les employeurs,…), les jeunes (pré-apprentissage, formation en alternance, primes à l’embauche, un Pass culture d’une valeur de 500 €,…), les nécessiteux (exonération de taxe d'habitation, hausse de 100 € par mois du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé), baisse de huit points de l’impôt sur les sociétés, recentrage de l’ISF sur l’immobilier,… mais des verrous restent présents avec des CDD qui seraient davantage taxés en matière d’assurance-chômage,…

Et parmi les mesurettes anecdotiques, on peut relever l’interdiction des smartphones dans les écoles primaires et les collèges, des amendes immédiates et dissuasives pour les incivilités qui pourraient, on imagine, générer des centaines de milliards d’euros et créer plusieurs millions d’emplois si l’on met un contractuel derrière chaque Français ou à chaque coin de rue de France et de Navarre,…

Le « plus » du jeune candidat est l’engagement de la promesse d’un réel coup de balai avec à la clé : une moralisation, le renouvellement et le pluralisme de la vie publique qui pourrait redonner confiance et espoir aux Français en ces temps difficiles où deux des principaux candidats, François Fillon et Marine Le Pen, sont en bisbille avec la justice et qu’il n’y a aucune offre politique crédible à la gauche de la gauche.

 

Ajouter un commentaire