Présidentielle 2017 : Marine Le Pen se lâche dans une interview à un quotidien italien

Corriere della Sera, 5 mai 2017, p. 3.
Corriere della Sera, 5 mai 2017, p. 3.

Dans une interview accordée à l’envoyé spécial à Ennemain (Somme) du quotidien milanais Corriere della Sera, la candidate frontiste à l’élection présidentielle Marine Le Pen se dit être « comme David contre Goliath ». Elle juge Emmanuel Macron « arrogant et obscur » et François Fillon est ni plus ni moins qu'une « merde ».

Madame Le Pen, quelle impression vous a fait Macron lors du débat de l’entre-deux-tours, lui demande le journaliste italien Aldo Cazzullo. « Une impression inquiétante, répond-elle, il est inquiétant de penser que la France puisse être gouvernée par un homme dont personne ne sait rien. C’est le Pape qui l’a dit ».

Qu’est-ce que le Pape à avoir là, s’enquiert le journaliste et Marine Le Pen de préciser que « non seulement [le Pape] a refusé de prendre position contre [elle mais] il a textuellement dit : "L’autre je ne le connais pas, je ne sais pas d’où il vient". Et vous savez ce que dit l’Evangile ? Luc 13, 25-27 : "Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes." C’est vraiment écrit ainsi, deux fois : "Je vous le dis, je ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité!". En fait, je ne crois pas que le Pape se soit exprimé ainsi par hasard. Et je crois qu’il ne se reconnaît pas dans un candidat ultralibéral qui soutient la précarisation du travail et la destruction de la cohésion sociale. L’homme de la haute finance. Celui-là même que [le Pape] François combat ».

Mais vous, le Pape François, vous l’avez critiqué, croit se rappeler le journaliste et si, « en tant que croyante, dit Mme Le Pen, je respecte l’appel spirituel à la solidarité avec ceux qui souffrent et être attentionné envers les autres. Il a raison de dire ces choses. Mais le Pape est aussi un chef d’État. Et il ne peut pas imposer aux autres États d’accueillir tous ceux qui arrivent en Europe sans y être invités, en violation de la loi, en surchargeant un système de protection sociale à bout de souffle ».

Invitée à préciser pourquoi elle définit Emmanuel Macron comme quelqu’un d’ « inquiétant », Marine Le Pen s’en explique en disant qu’il s’agit de quelqu’un qui est « froid, rigide, cynique [qui] ne connaît pas la France, il ne l’entend pas, il ne la comprend pas ».

Mais malgré tout cela, le débat de l’entre-deux-tours, vous ne l’avez pas gagné, lui demande-t-on et elle concède que les sondages disent qu’elle a perdu un point et se console avec un gros mensonge en assurant qu’elle venait d’une période « au cours de laquelle elle en gagnait deux par jour ». Vous n’avez donc rien à vous reprocher, insiste le journaliste et c’est à ce stade que Mme Le Pen nous dit qu’elle était « indignée mais qu’elle a préféré sourire plutôt que de sortir de ses gonds ». J’étais « furibonde, dit-elle, quel homme arrogant. Mal-élevé. Il m’a dit dix fois que je dis des "bêtises", et même des "grosses bêtises". Comment se permet-il ? C’est ainsi que je lui ai répondu que le jeu du professeur et de l’élève ne m’amuse pas ». Le Parisien a écrit qu’il s’agissait d’une allusion malicieuse de son amour pour sa professeure de lycée, ce qu’elle conteste en soulignant que « jamais, elle ne se permettrait de l’attaquer sur sa vie privée ». Elle ne l’a jamais fait et ne le fera jamais alors que lui, il l’attaque « sur le plan personnel, en continuant à citer son père ».

À propos de votre père, quels sont vos rapports avec Jean-Marie Le Pen, lui est-il demandé et, sans hésitation : « Zéro. Et cela restera zéro. Chaque fois qu’il a pu me faire du mal, il l’a fait. Combien de néonazis y a-t-il en France ? Trente ? Il en fait étalage à chaque occasion. Il donne une arme à mes adversaires [et] ce n’est pas par hasard qu’il a été invité à la télévision ces jours-ci plus que pendant toute sa carrière ».

Vous avez complètement rompu avec votre passé antisémite et xénophobe, aimerait savoir le journaliste italien et c’est ainsi que Mme Le Pen révèle n’avoir « jamais jugé dans toute sa vie quelqu’un par le nom qu’il porte, par la religion qu’il suit, par la couleur de sa peau » et fait remarquer que le nom du mouvement du parti de Macron, « En Marche », est « un slogan de Vichy », ce qui lui fait dire que « le candidat obscur c’est l’autre ». Pourtant, poursuit Aldo Cazzullo, lorsque François Fillon a invité à voter pour votre adversaire, il a parlé de la « violence » et de l’ « intolérance » du Front national et c’est là que Marine Le Pen ne trouve plus ses mots et explose : « C’est une merde. Excusez-moi mais c’est le seul mot qui me vient à l’esprit ».

Beaucoup de bêtises et de mensonges assortis de propos outranciers dont la présidente (en congé) du Front national est coutumière.