Aller au contenu principal

Présidentielle 2017 : Pas de trêve judiciaire, confirme la Cour de cassation

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Cour de Cassation. Cour de Cassation.

« La justice n’encourt pas plus les reproches outranciers qui lui sont faits [par Marine Le Pen et François Fillon] qu’elle n’a besoin [du] soutien [de Jean-Jacques Urvoas ou François Hollande] », tiennent à rappeler le premier président et le procureur général de la Cour de cassation à propos de l’atmosphère « survoltée [qui] se développe dans le milieu politique depuis quelques jours autour du travail de la justice ».

Mis en cause il y a cinq semaines pour des emplois présumés fictifs d’assistants parlementaires réservés à son épouse et à deux de ses enfants, le candidat LR à la présidentielle François Fillon avait aussitôt fait savoir qu’il faisait porter par ses avocats au procureur financier tous les justificatifs de la réalité des fonctions occupées, qu’il souhaitait être entendu très rapidement et qu’il renoncerait à être candidat à la plus haute fonction en cas de mise en examen avant de se raviser et de contester la légalité des poursuites et des infractions poursuivies et d’annoncer qu’il maintiendrait sa candidature même en cas de mise en examen par des magistrats « partiaux instruisant uniquement à charge » et dont il conteste, à présent, la compétence au nom de la séparation des pouvoirs et invoque, à l’instar de la candidate frontiste Marine Le Pen, la « trêve judiciaire » qui, elle, refuse de se rendre à la convocation de ses juges — qu’elle menace de représailles — avant les législatives.

C’est dans ce contexte d’hommes et femmes politiques qui entendent se placer au-dessus des lois de la République et réclament « l’immunité d’usage » pendant leur course à l’Élysée que l’Union syndicale des magistrats (USM) a tenu à préciser, dans un communiqué diffusé lundi, que « la notion de "trêve judiciaire" [mise en sommeil des dossiers impliquant les candidats à l'élection présidentielle pendant la campagne électorale, ndlr] ne repose sur aucun fondement constitutionnel ou légal » et créerait d’ailleurs « une inégalité entre les citoyens ».

L’annonce hier d’une convocation pour le 15 mars 2017 aux fins de mise en examen du candidat Fillon a encore fait monter d’un cran les propos désobligeants et l’animosité du délinquant présumé à l’encontre de ses juges « irrespectueux de son rang et de sa probité ». Mais c’est à l’occasion du « soutien » apporté à l’Institution par l’Exécutif et notamment par le président de la République François Hollande qui ne vaut guère mieux, après ses propos inadmissibles rapportés par deux journalistes du Monde dans Un président ne devrait pas dire ça…, que les deux hauts magistrats, Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, ont entendu siffler la fin de la partie en rappelant que « les magistrats suivent leur rythme en toute indépendance sous le seul contrôle des juridictions supérieures, de même qu’ils ont le devoir de ne pas s’engager publiquement dans le débat électoral ».

Une mise au point qui ne sera du goût ni des uns ni des autres et la tension, si elle n’explose avant, ne devrait faire que continuer à monter jusqu’au dimanche 23 avril 2017.

 

Ajouter un commentaire