Procès Bettencourt : Décision mise en délibéré au 28 mai 2015

Tribunal correctionnel de Bordeaux.

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a mis mercredi son jugement en délibéré au 28 mai 14 heures dans le procès pour « abus de faiblesse » aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt, au terme de quatre semaines et demie de débats, qui ont vu des peines de prison ferme requises contre quatre des dix prévenus.

Le procès hors normes, ouvert le 26 janvier, s'est clos mercredi avec les plaidoiries des avocats des principaux accusés, l'ancien ami et confident de l'héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, François-Marie Banier, 67 ans, et l'ex-gestionnaire de sa fortune, Patrice de Maistre, 65 ans. Leurs avocats ont plaidé la relaxe. Tous deux sont poursuivis pour « abus de faiblesse et blanchiment », et le parquet a requis à leur encontre trois ans de prison et 375 000 euros d'amende et trois ans dont 18 mois avec sursis et 375 000 euros d'amende respectivement. 

Trois ans dont 18 mois avec sursis et 375 000 euros d'amende ont également été requis contre Martin d'Orgeval, le compagnon de François-Marie Banier, et deux ans contre Carlos Vejarano, ancien gestionnaire d'Arros, l'île seychelloise des Bettencourt. Le ministère public a requis un an avec sursis contre Jean-Michel Normand, le notaire qui avait enregistré les actes. 

Le procureur- adjoint Gérard Aldigé a par contre requis la relaxe contre quatre prévenus : l'ex-ministre UMP de Nicolas Sarkozy Eric Woerth, poursuivi pour« recel », l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, l'avocat et ex-mandataire de Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, et le notaire Patrice Bonduelle. L'ex-infirmier de la milliardaire, Alain Thurin, qui a fait une tentative de suicide la veille du procès, pourrait être jugé ultérieurement si son état le permet, mais le parquet avait requis sa relaxe à l'issue de l'instruction. 

Ce procès-marathon, premier volet dit « abus de faiblesse » d'un tentaculaire dossier Bettencourt qui verra deux autres procès dès mars et juin prochain à Bordeaux (pour « trafic d'influence » puis « violation du secret professionnel »), a été marqué par « la démesure de l'argent », selon l'expression d'un avocat de la défense, et la valse des dons, legs, largesses diverses, pour des centaines de millions d'euros, autour de la 11e fortune mondiale. 

Le procès a aussi tenté de clarifier l'état de vulnérabilité de Liliane Bettencourt au moment des faits jugés, entre 2006 et 2011. Tâche ardue, tant cet état est apparu fluctuant. Liliane Bettencourt, 92 ans et atteinte de la maladie d'Alzheimer, est aujourd'hui sous tutelle et, selon son tuteur Olivier Pelat, « dans un autre monde »

La fille unique de Liliane Bettencourt, Françoise, partie civile dans ce procès et à l'origine de l'affaire par sa plainte contre X pour « abus de faiblesse » en 2007, était absente de l'audience mercredi, comme depuis le début des plaidoiries de la défense lundi. C'est à elle que l'avocat de Patrice de Maistre, Pierre Haïk, a décoché une ultime salve: « Vous auriez dû entendre. Vous êtes à l'origine de cette procédure et vous devez entendre! », a-t-il lancé.