Réforme Macron : Le barreau de Paris ouvertement critiqué par une dissidence très fournie

La semaine dernière, le conseil de l’ordre du barreau de Paris annonçait avoir décidé, à l’unanimité moins quatre voix, qu’il n’appellerait pas à se joindre à la manifestation unitaire de demain, 10 décembre 2014, contre le projet de loi Macron, à l’initiative des représentants de six professions juridiques dont le Conseil national des barreaux (CNB).
Le premier barreau de France justifiait sa position par le fait que la manifestation était surtout une initiative des notaires et qu’elle n’était pas « le meilleur moyen pour défendre le périmètre de [la] profession », jugeant « plus utile et plus efficace » de poursuivre « dialogue » et « discussions » avec la Chancellerie et Bercy.
Trois des quatre voix dissidentes du conseil de l’ordre, Elizabeth Oster, Elisabeth Cauly et Avi Bitton, braillent depuis une semaine et multiplient lettre ouverte, télécopies et courriels pour « marquer officiellement [leur] réprobation face aux dérives actuelles du conseil de l’ordre » et entendent dénoncer « les méthodes » employées pour soutenir le projet Macron qui leur apparaissent« indignes ».
Les trois dissidents — qui sont contre le projet d’avocat en entreprise qu’ils désignent sous le vocable de « N.A.S.E. » (nouvel avocat salarié en entreprise), contre les experts-comptables qui sont sur le point de devenir « le conseil de référence des entreprises » selon l’article 14 de Macron II et l’article 45 du rapport de la Commission de simplification du droit, contre les notaires qui vont pouvoir se développer et conserver leur monopole selon l’article 3 de Macron II et contre les capitaux extérieurs majoritaires dans les sociétés d’avocats — appellent leurs confrères « à rejoindre la journée nationale de mobilisation des avocats fixée au 10 décembre par le Conseil national des barreaux qui a, seul, vocation à représenter [les avocats] sauf à [se] mettre en déni de démocratie ».
Même son de cloche du côté de l’Union des jeunes avocats (UJA) qui, dans un communiqué diffusé hier, suit « l’appel à la mobilisation du CNB » et appelle« tous les confrères parisiens, quels que soient leur domaine d’activité et leur mode d’exercice, à participer à la manifestation du 10 décembre » mais en précisant qu’elle n’entend pas « s’associer au ‘front commun’ avec les autres professionnels du droit ». Dans un communiqué diffusé mercredi matin, la Confédération nationale des avocats (CNA) appelle également ses membres à se joindre, « le plus nombreux possible », à cette manifestation.
Une avocate, Claire Simonin, a par ailleurs lancé sur la plate-forme hub-avocat.fr un groupe de discussion dénommé « Avocats parisiens non syndiqués manifestant le 10 décembre ». Un sondage
Le CNB annonce, quant à lui, dans sa dernière missive, un cortège unitaire« accompagné de 3 chars sonorisés et de 80 ballons aux couleurs des 6 professions du droit mobilisées afin d’assurer une grande visibilité et un impact maximal auprès du public», ainsi que la distribution aux avocats qui feront le déplacement de 12 000 stickers et 10 000 flyers avec des messages spécifiques à la profession sur son camion #JusticeMorte situé au centre de la place, à la sortie principale de la station de métro République, est-il précisé.
Plus les avocats parisiens seront visibles demain lors de cette manifestation, plus la position du bâtonnier Pierre-Olivier Sur risque d'être fort inconfortable au cours des prochaines semaines si la majorité du conseil de l'ordre ne représente qu'elle-même.