Règlement de compte : Le bâtonnier de Melun Henrique Vannier blessé par balle par un confrère

Le bâtonnier de Melun se trouve « dans un état critique »après avoir été blessé jeudi matin dans son bureau du tribunal par un avocat, qui lui a tiré dessus à plusieurs reprises avant de retourner l'arme contre lui, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Les mêmes sources avaient un peu plus tôt rapporté que le bâtonnier Henrique Vannier était décédé des suites de ses blessures. Elles ont ensuite affirmé qu'il a été transféré à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne). « Notre bâtonnier Henrique Vannier est, Dieu merci, encore en vie », a déclaré au palais de justice de Melun Me Florence Lampin, élue en juin pour remplacer Me Vannier comme bâtonnier à compter du 1er janvier 2016.
Les faits se sont déroulés aux alentours de 9 heures 30. Le tireur, l'avocat Joseph Scipilliti, avait rendez-vous avec le bâtonnier qui devait lui notifier sa suspension, a indiqué une de ces sources, sans préciser le motif de cette suspension. De nombreux journalistes étaient présents au tribunal jeudi matin pour le procès d'assises des parents de la petite Inaya, bébé de 20 mois retrouvée enterrée dans la forêt de Fontainebleau en 2013.
Les coups de feu n'ont pas été entendus depuis la salle d'audience, le bureau du bâtonnier étant situé à l'opposé, dans l'aile sud du bâtiment, mais la présidente de la cour d'assises a suspendu l'audience vers 10 heures en évoquant des « événements graves ». Dans un communiqué, la ministre de la justice, Christiane Taubira, a confié son « effroi » après cette « terrible agression ». « Il n'est pas concevable que nos juridictions et les maisons de l'ordre des avocats deviennent pour eux des lieux dangereux », ajoute-t-elle.
Interrogé par l'AFP, le président du Conseil national des barreaux (CNB) Pascal Eydoux, qui représente l'ensemble des avocats français, s'est dit « stupéfait, consterné et ahuri » par ce drame. « Je constate que personne n'est à l'abri de violences, même un bâtonnier dans l'exercice de ses fonctions. C'est un événement terrible autant qu'exceptionnel », a-t-il déclaré.
Pierre Cassen, fondateur de Riposte Laïque, collectif considéré comme proche de l'extrême droite et défendu de longue date par Joseph Scipilliti, a pressenti qu'il allait « se passer quelque chose » après avoir reçu très tôt jeudi un texte de l'avocat. « On a reçu par courriel, Christine Tasin [fondatrice de Résistance Républicaine] et moi, un texte de 240 pages de Joseph Scipilliti à 5 heures 42 du matin », a-t-il raconté. « Christine m'a appelé et m'a dit "je suis inquiète" », a-t-il ajouté.
« En lisant l'introduction, on a toute de suite senti qu'il allait se passer quelque chose », a-t-il dit. Avant de poursuivre : « on s'est dit "il est possible qu'il mette fin à ses jours où qu'il s'en prenne au bâtonnier" ». Le texte, envoyé dans la nuit de mercredi à jeudi à plusieurs autres personnes, a été mis en ligne sur le siteRésistance républicaine sous le titre « Ils ont tué notre avocat, faites circuler son testament "J'accuse" ». L'introduction se termine par cette menace : « Me voilà donc sur le point de satisfaire ceux qui, pour justifier leur domination ou leur soumission, m'ont fait une réputation de cosaque. Pour une fois, je vais vraiment manquer de délicatesse ».
M. Cassen, qui dit ne pas eu avoir connaissance avant jeudi d'un conflit avec le bâtonnier, raconte aussi, qu'avec Mme Tasin, ils ont ensuite tous deux tenté, en vain, de joindre leur avocat aux environs de neuf heures du matin. Cet avocat, qui accompagne Riposte Laïque depuis ses débuts, est décrit par Pierre Cassen comme « quelqu'un qui a le sang chaud et qui ne supporte pas l'arbitraire ». Riposte Laïque, qui se présente comme le défenseur du principe de laïcité, est considéré comme proche de l'extrême droite.