Rennes : Une ville solidaire fait expulser 10 migrants

Conseil municipal de la ville de Rennes, 7 sept. 2015.

Le tribunal administratif de Rennes a ordonné vendredi, à la demande de la municipalité PS, l'expulsion de 10 migrants du terrain de football public où ils avaient planté leurs tentes depuis le 6 juillet.

Lors de l'audience le 4 septembre dernier, la ville de Rennes avait demandé au tribunal de « constater la qualité d'occupant sans droit ni titre » des 10 hommes, qui affirment être d'origine somalienne, et de les condamner à quitter, « avec le concours de la force publique en tant que de besoin », la parcelle où ils campent dans le parc des Gayeulles, une base de plein air et de loisirs au nord de la ville.

À l'appui de sa demande, la commune soutenait que le terrain occupé, relevant du domaine public, se voyait « détourné de son affectation » par la présence des dix tentes et d'une tonnelle installés par les migrants. Elle soulignait également que « les occupants ne justifient pas de leur qualité de demandeur d'asile, ni de demande de prise en charge en hébergement ». Ces derniers affirmaient au contraire que c'est « leur absence de prise en charge par les pouvoirs publics en leur qualité de demandeurs d'asile [qui] les a conduits à occuper des espaces verts de la ville ».

Après avoir passé plusieurs mois dans un squat dans une localité de la périphérie rennaise, les migrants avaient installé un premier campement le 11 juin devant un théâtre de Rennes. Hébergés pendant une quinzaine de jours dans un hôtel à l'initiative de la préfecture, ils étaient ensuite revenus camper devant le bâtiment avant d'en être expulsés par la police début juillet et de se replier dans le parc des Gayeulles.

« À chaque fois qu'on a ce type de difficulté sur le territoire rennais, on demande systématiquement l'expulsion pour des raisons de sécurité et d'hygiène et parce que l'espace public n'a pas à être emprunté par quelqu'un illégalement », a expliqué l'adjoint du maire à la Solidarité, Frédéric Bourcier. « Comme d'habitude, une enquête administrative » sur la situation de ces personnes sera ensuite conduite par la préfecture et des « propositions seront formulées », a-t-il ajouté, en soulignant que « se mettre dans l'illégalité n'apporte aucun droit supplémentaire ».

Paradoxalement, la ville de Rennes — qui s'est vu refuser vendredi par le tribunal les 1 500 euros qu'elle réclamait aux migrants au titre de frais irrépétibles — fait partie du « réseau des villes solidaires » prêtes à s'engager à accueillir des familles réfugiées sur leur territoire, lancé début septembre par le PS.

Sur son site internet, le maire de Rennes, Nathalie Appéré, avait affirmé alors que Rennes « est et sera à la hauteur de ses responsabilités » pour « l'accueil et l'accompagnement des migrants », soulignant que la ville « fait déjà beaucoup » dans ce domaine depuis 2011. Mme Appéré soulignait notamment que près de 100 familles de demandeurs d'asile sont déjà hébergées gratuitement dans des bâtiments temporairement inutilisés de son parc immobilier, et que « chaque mois » environ 50 familles sont mises à l'abri « à titre humanitaire ».